SlateAfrique

mis à jour le

Maroc - L'acteur Saïd Taghmaoui voit des prostituées partout dans le royaume

Volée de de bois vert sur la toile contre l’acteur franco-marocain Saïd Taghmaoui. Pour Bladi.net, il s’en prend à «l’image de la Marocaine, forcément matérialiste».

Et pour cause, la «star hollywoodienne» révélée en 1995 dans le film culte «La Haine», qui depuis peu anime des masters classes d’interprétation, baptisés «Moroccan international acting» au Studio des arts vivants de Marrakech, s’est fendu d’une déclaration au mensuel «Femmes du Maroc» qui en a choqué plus d’un:

A la question «Et l’émancipation de la femme marocaine, vous en pensez quoi?», il répond:

«Bien sûr, la femme est un être humain comme les autres avec un rôle bien précis à jouer dans la société et l’humanité (...) Je n’ai pas de problème non plus avec le fait qu’elles aient droit à toutes les libertés... Mais sous prétexte d’émancipation, n’oublions pas la dignité ! Ce n’est pas possible de voir à quel point la prostitution des Marocaines est en recrudescence ! La plupart ne vendent pas leur corps pour manger (...) mais pour s’acheter de belles voitures, des Prada et des Gucci. (...) Malheureusement, le 2e produit d’exploitation du Maroc avec les oranges, ce sont les prostituées... »

«Un amalgame pour le moins surprenant qui établit un lien entre émancipation des femmes marocaines et prostitution» commente le site MinuteBuzz Maghreb qui titre à son sujet «Saïd Taghmaoui a une conception toute personnelle de la femme marocaine».

«A croire Taghmaoui, toutes les marocaines seraient des putes de luxe qui s'habillent en Prada(…) des créatures vénales, des prostituées congénitales qui ne percevraient la vie et les rapports sociaux qu'en vendant leur corps» s’insurge le blog VoxMaroc.

Et d’ajouter: «Non seulement Taghmaoui insulte toutes les Marocaines, mais aussi toutes les prostituées. A l'entendre, ces femmes ne seraient nullement victimes de leurs conditions sociales, ni de la société patriarcale qui les perçoit uniquement comme des corps, ni même des réseaux de traite, pourtant foisonnants au royaume de son ami le roi».

La rédactrice de ce blog explique le point de vue de l’acteur par sa fréquentation des milieux chics:

«Il a plus eu l'occasion de croiser les filles en talons aiguilles de la corniche de Casablanca ou des clubs huppés de Marrakech, que celles en djellaba des trottoirs de Mers Sultan ou des bordels de Tifelt. Des lieux de misère où la passe se négocie parfois à 20 Dh (2 euros), et où les filles peinent même à s'offrir des sacs Gucci d'imitation à 100 Dh (10 euros).»

Reste que les cinéastes marocaines ne trouvent pas non plus grâce aux yeux de l’acteur. Toujours dans «Femmes du Maroc» qui ne réagit pas à ses propos et qui le considère plutôt comme un «artiste engagé», Taghmaoui cite le dernier film de la réalisatrice Narjiss Nejjar, «L’amante du Rif». «Dernièrement, j’ai vu le film de Narjiss Nejjar , et j’ai trouvé ça limite. Oui d’accord Narjiss Nejjar porte des bottes jusque-là, d’accord elle a un style cool, mais de là à la qualifier de libre, talentueuse et avant-gardiste... »

Enfin, à propos de l’arrivée des islamistes au gouvernement, il dira à «Femmes du Maroc » : «Formidable ! Je suis très content de tout ça!».

Lu sur Femmes du Maroc, Vox Maroc

A lire aussi

Maroc, terrain de chasse pour pédotouristes

Ruby, l'escort girl qui décontenance le Maroc

Quand les pays du Golfe dopent le tourisme sexuel

La tentation du X