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Somalie - Le pays où l'on assassine un journaliste chaque mois
La Somalie est toujours l’un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes. Un nouvel assassinat a eu lieu dans la nuit du 4 mars.
Ali Ahmed Abdi, un jeune journaliste, a été abattu froidement par des hommes masqués, nous apprend le site somalien Shabelle News,
Il était employé par une radio indépendante du village de Garsor près de Galkacyo, une ville à la frontière de la région autonome du Puntland, et de celle de Mudug, dans le centre du pays. Il était aussi rédacteur Internet pour Somalia Online.
Horn of Africa News précise les circonstances de cette attaque. Selon ce site, les quatre meurtriers ont visé le journaliste alors qu’il rentrait chez lui après sa journée de travail, vers 22h.
«Les assaillants ont tiré trois balles, deux dans sa tête et une dans sa poitrine», a raconté un témoin.
Ali Ahmed Abdi a rapidement été conduit à l’hôpital, mais il a succombé à ses blessures. Les raisons de ce meurtre ne sont pas encore élucidées. Aucun groupe n’a revendiqué cette attaque.
Ce quatrième assassinat de journaliste en quatre mois a suscité l’émoi de la profession en Somalie.
«Nous condamnons le meurtre de notre collègue et nous appelons les autorités du Puntland à enquêter sur sa mort et a porté les responsables devant la justice. Nous exprimons nos condoléances et toute notre sympathie à la famille et aux amis de Abdi», a déclaré Mohamed Ibrahim, le secrétaire général de l’Union nationale des journalistes somaliens.
D’après BBC Afrique, ce nouveau décès porte à 30 le nombre de journalistes assassinés dans le pays en cinq ans.
Le 28 février dernier, Abukar Mohamoud Kadaf, le directeur de radio Somaliweyn, a été abattu par deux hommes devant sa maison de Mogadiscio.
Au mois de septembre, une autre journaliste de la radio de Galkacyo, Horriyo Abdulkadir, a été tué en rentrant chez elle par des hommes armés.
L’Union nationale des journalistes somaliens déplore cette menace permanente qui pèse sur ses membres: «C’est une période angoissante. Nous avons perdu un collègue chaque mois cette année.»
Après ce nouvel assassinat, Reporters sans frontières tire aussi la sonnette d’alarme.
«Qu’attend la communauté internationale pour agir face à ce carnage? Les professionnels des médias sont abandonnés à leur foi en Somalie. Ils doivent faire face seul aux ennemis de l’information, qui n’hésitent pas à les éliminer. Il y a un besoin urgent de les protéger et d’empêcher les tueurs de se déchaîner», a dénoncé l’ONG dans un communiqué.
La Somalie est plongée dans une guerre civile depuis plus de 20 ans. Ce conflit oppose le gouvernement fédéral de transition, conduit par le président Cheikh Sharif Sheikh Ahmed, à plusieurs groupes de rebelles islamistes, pour certains proches d’Al-Qaïda.
Lu sur Shabelle News, Horn of Africa News, BBC Afrique, Reporters sans frontières
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