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Afrique de l'ouest - Les pays européens «exportent» leurs déchets électroniques
Réfrigérateurs, machines à laver, ordinateurs… Les déchets électroniques augmentent de plus en plus et s’accumulent en Afrique de l’Ouest. Dans son rapport DEEE? Où en sommes-nous en Afrique?, l’ONU s’inquiète des conséquences environnementales et sociales dues aux déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE).
Bien que le rapport stipule que la situation en Afrique de l’Ouest est moins conséquente en comparaison à d’autres régions, la croissance de ces ordures augmente à une vitesse affolante et aucune structure n’est créée pour s’en occuper. Les déchets s’amoncellent près des populations, à même le sol et à l’air libre. L'étude s'est focalisée sur la situation au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Libéria et au Nigéria entre 2009 et 2011. Le verdict est déconcertant.
«Entre 650.000 et 1.000.000 tonnes de déchets électroniques issus de la consommation intérieure sont produites chaque année», affirme le rapport.
Bien que la production africaine représente 85% de cette pollution, les 15% restants proviennent des pays industrialisés, notamment le Royaume-Uni, suivi de la France et de l’Allemagne. D’après le rapport, la quasi-totalité de ces DEEE est inutilisable et irréparable.
«L'analyse, réalisée entre mars et juillet 2010, de 176 conteneurs de deux catégories d'équipements électriques et électroniques usagés importés au Nigéria a révélé que plus de 75 % de tous les conteneurs venaient d'Europe», explique le rapport.
Lors des démontages et des réparations sauvages et des brûlages de câbles, des substances dangereuses —comme le mercure et le plomb— sont émises et parcourent plusieurs kilomètres. Au Ghana et au Nigeria, 30.000 personnes vivent grâce au ramassage et au recyclage. Pour l'ONU, la sécurité et la santé de ces travailleurs ainsi que des populations avoisinantes sont en péril. Le travail des enfants est un volet important du rapport puisque très prisé par les entreprises.
«Les activités de ramassage et de démontage sont effectuées par des enfants âgés d'au moins 12 ans, mais des enfants de 5 ans seulement sont parfois recrutés pour des travaux légers, y compris le démontage de petites pièces et le tri de des matériaux», relate le rapport.
Pour lutter contre cette pollution, l’ONU préconise la mise en place de structures officielles de recyclage ainsi qu’une législation des exportations des DEEE. L’institution internationale vante également les bienfaits de telles mesures, aussi bien sur les plans économiques qu’environnementaux.
«Il est possible de développer les économies africaines, de créer des emplois décents et de protéger l'environnement en assurant une gestion durable des déchets électroniques et en récupérant les métaux précieux et autres ressources renfermés dans les produits qui finissent comme déchets électroniques», affirme Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue) et sous-secrétaires général de l’ONU.
Lu sur PNue
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