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Mozambique - Pourquoi la légalisation de l'avortement va sauver des vies

Au Mozambique, l’avortement est illégal. Ainsi chaque année, de nombreuses femmes interrompent leur grossesse dans la clandestinité. Pour mettre fin à ces pratiques qui comportent de nombreux dangers, le gouvernement mozambicain entend faire passer en mars une loi qui légalisera l’avortement, indique The Christian Science Monitor.

Cette nouvelle législation permettra aux femmes d’avorter au cours des 12 premières semaines de grossesse. Abdul Carimo est à l'origine du projet de loi. Ce dernier estime qu’une fois passé, ce texte de loi pourra sauver des vies.

«En offrant des moyens d’avortement légaux, sanitaires et contrôlés, nous pourrons empêcher les femmes de prendre des risques.»

L'actuelle loi date de l'époque coloniale et reste inchangée depuis 1886. Cette législation archaïque prévoit une peine de 18 ans pour les femmes qui tentent d'avorter et ceux qui les aident.

Selon le ministre de la Santé, plus de la moitié des visites dans le service de gynécologie obstétrique fait suite à un avortement clandestin. Tous les ans, on recense plus de 5.000 morts en couches. Un chiffre qui pourrait être plus élevé car nombre de femmes meurent sans s’être rendues à l'hôpital.

A l'âge de 15 ans, Isabel a subi un avortement clandestin. Dix ans plus tard, la jeune femme est la mère d'un garçon de cinq ans en très bonne santé. Mais plusieurs de ces amies qui ont également eu recours à un IVG clandestin ne pourront plus jamais porter d'enfants. Certaines femmes de son voisinage sont même mortes.

«Je savais que quelque chose pouvait m’arriver, mais j’ai pris le risque», témoigne Isabel.

Diederike Geelhoed est médecin au Centre International de Santé Reproductive dans la province de Tete, au nord ouest du pays:

«L’avortement clandestin est l’une des causes majeures de la mort maternelle et il est très difficile à quantifier.»

Le docteur Clemente Madeira travaille au Tete Provincial Hospital. Directeur des services de gynécologie et d’obstétrique, il a souvent affaire à des femmes ayant ingurgité du liquide de détergent ou des concoctions amères préparées par des docteurs traditionnels.

D’autres encore, ont avalé des pilules achetées à des travailleurs de la santé. Une grande partie de ces patientes sont victimes d’hémorragie, de septicémie. Certaines ont l’utérus perforé. Toutes ces femmes peuvent devenir stériles voire même, mourir.

«Celles qui perdent la vie, sont celles qui retardent leur visite à l’hôpital.»

Depuis 2003, 28 pays ont ratifié un protocole de l’Union Africaine soutenant le droit à l’avortement en cas de viol, d’inceste ou de risques dans la grossesse. L'Organisation mondiale de la santé recense plus de 5 millions d'avortements clandestins contre 100.000 pratiqués dans des conditions légales.

Lu sur The Christian Science Monitor

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