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Egypte - Washington hausse le ton face au procès d'ONG américaines
Les relations entre les Etats-Unis et l’Egypte ne sont pas vraiment au beau fixe. Les autorités égyptiennes ont en effet annoncé le 5 février que 44 personnes dont 19 Américains allaient être jugées pour des accusations de financement illégal d’ONG opérant dans le pays.
Parmi ces accusés figurent également des Allemands, des Norvégiens, des Serbes, des Jordaniens et des Palestiniens. Cette décision fait suite aux perquisitions dans 17 locaux d’ONG le 29 décembre dernier.
Les associations américaines National Democratic Institute (NDI), International Republican Institute (IRI) et Freedom House font notamment partie des ONG visées.
Selon le Monde, elles sont soupçonnées d’avoir «établi des filiales d'organisations internationales en Egypte sans avoir obtenu l'agrément du gouvernement égyptien», et d'avoir «reçu des financements illégaux de l'étranger».
La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a réagi vivement à cette annonce. Comme le rapporte le New York Times, elle a personnellement prévenu son homologue égyptien, Mohammed Amr, que l’aide américaine à son pays pourrait être revue.
«Nous sommes très clairs sur le fait que les problèmes qui surgissent de cette situation pourraient avoir un impact sur notre relation avec l’Egypte», a déclaré Hillary Clinton à des journalistes.
Le New York Times explique également que le président Barack Obama a délivré deux semaines auparavant un avertissement similaire au chef du Conseil suprême des forces armées, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui.
Chaque année, l’armée égyptienne reçoit en effet 1,3 milliard de dollars d’assistance de la part de Washington. Pour le quotidien américain, la situation actuelle pourrait bien entendu remettre en cause cette aide, mais pour la Maison Blanche ce serait également un risque de briser le lien qui depuis trois décennies unie les Etats-Unis, Egypte et Israël dans la région.
Du côté égyptien, les autorités se justifient en déclarant que la justice est indépendante et qu’ils ne peuvent en aucun cas agir, comme le précise USA Today.
«Nous faisons de notre mieux pour contenir sur cette situation, mais nous ne pouvons pas exercer d’influence sur les juges qui enquêtent», s’est défendu Mohammed Amr.
Mais comme le note le Washington Post, la situation est aggravée par la présence parmi les accusés de Sam LaHood, le directeur Egypte de l'IRI et fils du secrétaire américain aux Transports Ray LaHood.
«Menacer d’arrêter le fils d’un haut représentant américain est une ligne rouge et ils l’ont franchi», estime Shadi Hamid, un expert du Brookings Doha Center.
Aucune des personnes accusées n’a pour le moment été placée en détention en attendant le procès. La date de ce dernier n’a pas encore été fixée.
Lu sur The New York Times, USA Today, Le Monde, Washington Post
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