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Le paludisme tue deux fois plus que prévu
Il faut multiplier par deux les chiffres de la mortalité liée au paludisme. Selon un rapport de l'Institute for Health Metrics and Evaluation publié dans le journal médical The Lancet, 1,2 million de personnes sont décédées du paludisme en 2010. Ce chiffre alarmant vient contredire le dernier rapport de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui estime que 655.000 décès sont liés à ce fléau, qui frappe particulièrement l'Afrique subsaharienne.
Le rapport de l'IHME apporte également une nouvelle donnée: les adultes (15 ans et plus) seraient autant victimes de la maladie que les enfants en bas âge (5 ans et moins). En fait, 42% des décès liés au paludisme concernent des personnes âgées de 15 ans et plus. Pour le directeur de cette étude, Christopher Murray, l’idée que les plus jeunes soient les victimes principales de cette maladie résulte de l'enseignement de la médecine.
«A l’école de médecine, on apprend que les enfants exposés au paludisme développent une immunité et peuvent rarement en mourir à l’âge adulte.»
Un tel écart s’explique par la méthode employée par l’IHME, dont les recheches ont été financées par la Fondation Bill et Melinda Gates. Les chercheurs ont utilisé «l’autopsie verbale» qui consiste à interroger les proches de la personne décédée pour en déterminer les causes. Steve Lim assure qu’un tel procédé est fiable. Pour ce scientifique de l’IHME, ses collègues ont travaillé sur toutes les causes de mortalité sans se cantonner au paludisme qui aurait faussé les recherches. L’OMS a toutefois émis une réserve quant à cette enquête et soupçonne l’éventualité d’un «sur-diagnostic».
Malgré ces chiffres alarmants, le développement des préventions et des vaccins diminue le nombre de victimes. Il a chuté de 7% entre 2007 et 2010, atteignant les 30% en Tanzanie et en Zambie. Selon Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet:
«Ce ralentissement est du aux 230 millions de cas de paludisme traités et aux millions de moustiquaires qui ont été distribuées aux personnes dans les zones à risque ses dix dernières années.»
Selon le rapport, «si la baisse se poursuit, la mortalité liée au paludisme pourrait descendre en dessous de 100.000 décès seulement après 2020.» Cependant, La crise financière risque d’entacher ces prévisions. L'étude met en garde contre le manque de soutien financier au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, responsable de la majorité des programmes d'aides.
Lu sur The Lancet, The Guardian, BBC, Le Monde, The Washington Post
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