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Le Ghana face à la malédiction de l'or noir
«Quand les matières premières s'invitent au festin, si les revenus sont utilisés au profit des citoyens, ce n'est pas une malédiction mais une bénédiction».
La phrase est signée John Kufuour, l'ex-président ghanéen. C'est sous sa présidence que le pays a découvert son premier gisement de pétrole en 2007. Un gisement baptisé «Jubilee» (en référence aux célébrations du cinquantenaire de l'indépendance du pays qui ont eu lieu la même année), dont l'exploitation, assurée par la compagnie britannique Tullow Oil, a débuté le 15 décembre 2010.
Le Ghana aurait déjà écoulé sur le marché un million de barils de pétrole depuis décembre 2010. Avec un prix actuel du baril qui dépasse les 100 dollars (72,45 euros), le pays devrait ainsi empocher plus de 100 millions de dollars (72 millions d'euros).
La BBC s'est rendue à Takoradi, à l'ouest du pays, pour y étudier les conséquences de l'arrivée du pétrole au plus près des populations locales. C'est au large de cette ville que le Ghana a découvert ses premiers gisements en 2007. Dans la région, les attentes sont donc énormes.
«S'il y a du pétrole et du gaz dans la région, l'Ouest doit en bénéficier plus que quiconque», assure Nana Kofi Abuna V, une des rares femmes chef traditionnel.
Ici, on espère que le pétrole aura un impact direct sur une ville en plein déclin. «Dans un délai de cinq ans, je vois Takoradi devenir l'une des villes les plus modernes du monde», imagine Alfred Fafali Adagbedu, propriétaire d'une des nombreuses entreprises qui se sont installées dans la région pour soutenir le secteur pétrolier.
«Je peux imaginer des gratte-ciel, des autoroutes à six voies, des centres commerciaux.»
Depuis la découverte de gisements de pétrole, la ville a vu arriver beaucoup de migrants, ce qui a fait exploser le prix de l'immobilier et des biens en général.
Efua est enseignante. Avec la flambée des prix, son loyer a doublé. Incapable de le payer, elle a rapidement trouvé un avis d'éviction sur sa porte. Un exemple parmi d'autres qui illustre les nombreuses interrogations que suscitent les changements liés à l'arrivée du pétrole: hausse des prix, répartition des richesses, ou encore les exemples nigérian ou angolais.
Mais depuis l'apparition de cet or noir, le Ghana multiplie, sous la houlette de la Ghana National Petroleum Corporation (GNPC), les efforts et initiatives pour ne pas répéter les erreurs qui ont marqué la mauvaise gestion du pétrole en Afrique.
Le parlement ghanéen a d'ailleurs adopté début mars une loi sur la gestion de ses revenus pétroliers, après plusieurs mois de tractations dans un pays qui vient d’intégrer la liste des exportateurs de brut, et qui attend ses premières recettes en «pétrodollars» à la fin de ce mois de mars 2011. 70% de ces revenus seront finalement consacrés au budget de l’état, 30% seront affectés à un «fonds de stabilisation» et 10 % iront aux «générations futures».
Lu sur BBC News