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Alice au pays des merveilles en version salafiste

Alice au pays des merveilles existe aussi en version salafiste. En témoigne une vidéo édifiante réalisée par le parti de la lumière (hazb al Nour), le principal parti salafiste égyptien, rapporte le site Mashallah News. Des fillettes en robes blanches et roses pastel jouent au ballon et chantonnent avec légèreté. Soudain l’une d’entre-elles se dirige vers un homme barbu paisiblement assis sur le banc, lisant un journal. La petite fille aux longs cheveux bruns lui pose alors des questions sur l’identité politique des salafistes. Tout ouïe, l’homme écoute les questions de l'enfant, aussi pure que naïve. Le dialogue qui s'engage se veut pédagogique: 

Elle: «Dis tonton, est-ce que c’est vrai ce que l’on dit, que le parti Al Nour va forcer les femmes à porter le niqab?»

Lui: «Non, bien sûr, ce n’est pas vrai. Celle qui veut porter le niqab, qu’elle le porte, et celle qui ne veut pas le porter, c’est son choix. Beaucoup d’oulémas lui donnent raison.»

Elle: «Et est-ce que, comme dit maman, le parti Al Nour va empêcher les femmes de travailler et les obliger à rester à la maison?»

Lui: «Non, ça n’arrivera pas, car les femmes sont au cœur de la société. Mais dans leur travail, on préservera leur dignité et leur liberté.»

 

Pour répondre aux inquiétudes de la jeune fille, il la prend par la main et lui fait visiter les merveilles de l’Egypte à l'ère salafiste. Il l’emmène dans une école, un hôpital puis à la campagne. Tout est propre, ordonné. Les jeunes écolières se donnent la main dans la cour. Les classes ne sont pas surchargées comme c’est le cas dans 90% des écoles gouvernementales en Egypte.

Contrairement au brouhaha du Caire, l’ordre social règne. Ce rêve salafiste anime une partie de la population en Egypte. Ce pays des salafistes ressemble étrangement à celui vanté par les villes fermées pour nouveaux riches et classes moyennes qui se situent dans la ceinture désertique du Caire. L’une d’entre-elles, al-Rehab, a même été surnommée «ville halal».

L’autre élément qui saute aux yeux dans la vidéo: l’absence de femmes. Le professeur, c’est un homme. Le médecin, c’est un homme. Le patient, un homme. L’ouvrier agricole,…

«Ils disent qu’ils ne vont pas empêcher les femmes de travailler, mais il n’y en a aucune dans les lieux qu’ils nous montrent. C’est un peu contradictoire!» note Bola Abdu, un militant des droits de l’homme originaire de Qena, dans le sud de l’Egypte.

Le bon score des salafistes aux élections législatives a révélé au grand jour ces Egyptiens partisans d’un islam rigoriste. D’autres Egyptiens préfèrent en rire, à l'instar d'Asmae. Séquence blague.

«Un salafiste monte dans un taxi. Il demande au chauffeur d’éteindre la radio: "La radio n’existait pas au temps du prophète Mohammed". Le chauffeur éteint la radio, puis s’arrête. "Les taxis n’existaient pas non plus à l’époque du prophète: je t’invite à descendre et à attendre le passage d’un chameau».

Lu sur Mashallah News 

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