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Afrique du Sud - Quand la stérilité pousse à voler des bébés
Il y a des faits-divers qui peuvent longtemps hanter les esprits. En Afrique du Sud, une jeune femme devait comparaître le 20 janvier devant le tribunal pour avoir éventré une femme enceinte.
Le crime aurait été perpétré le 6 janvier par une femme âgée de 29 ans, originaire de la ville de Randfontein, située dans la grande banlieue de Johannesburg. La coupable présumée, aurait affirmé être elle-même enceinte avant de passer l'acte.
«Le ventre d'une femme de 34 ans a été ouvert avec un objet contondant et son bébé sorti», a précisé la porte-parole de la police Appel Ernst à l'AFP. La suspecte a ensuite été arrêtée, après s'être présentée à une clinique avec un nouveau-né qui présentait une coupure à la tête», a-t-elle ajouté.
Alors que le crime crée la colère au sein du pays (des manifestations ont eu lieu devant le tribunal d'Instance de Randfontein), certains Sud-Africains tentent de trouver une explication plus profonde à ces actes de détresse. Car ce meurtre, explique le quotidien sud-africain The Times, est révélateur d'un fait de société: celui de la peur des femmes stériles de perdre leur mari et qui les pousse à voler le bébé d'une autre.
Sipokazi Poswa-Lerotholi, une avocate sud-africaine, explique que dans la culture africaine, alors que la fertilité de l'homme est rarement remise en cause, la stérilité d'une femme est toujours perçue comme une faute et porte toujours un stigmate.
Une femme mariée qui ne peut pas donner naissance à un héritier est souvent décriée par la famille de son mari et par la société en général. Elle est perçue comme étant coupable de cette situation. Et dans le cas d'un mariage polygame, comme Hannah dans la Bible, elle est également raillée par les autres épouses:
«Ainsi, désespérée de conserver leur dignité et leur mariage monogame, ces femmes n'hésitent pas à faire de fausses déclarations de grossesse et à avoir recours à ce type de crime odieux. Par conséquent, vous trouverez que la plupart des auteurs de ces crimes sont des femmes mariées», explique Sipokazi Poswa-Lerotholi.
Les vols de nouveaux-nés sont fréquents en Afrique du Sud, où le taux de criminalité est l'un des plus élevés du monde.
Lu sur Times South Africa, AFP
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