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Tribune: Jean Ping réussira-t-il à garder son fauteuil?
L’élection du président de la Commission de l'Union africaine fait l’objet d’une intrigue médiatico-diplomatique. Pour Macaire Dagry, cela est loin d'honorer la presse.
Pour l’équipe de campagne de Jean Ping, candidat à sa propre succession à la tête de la Commission de l'Union africain, une certaine presse sud-africaine aurait décidé lui nuire. Cette dernière, qui soutient en toute légitimité la candidature de Nkosazana Dlamini Zuma, ex-épouse du président Jacob Zuma, publierait régulièrement des articles mensongers avec des informations qui émaneraient de prétendus experts chevronnés d’Afrique.
C’est le cas du tabloïd sud-africain The Daily Monitor. Dans son édition du mercredi 28 décembre 2011, le journal affirme que «des puissances non-africaines et de l'Union européenne ont laissé entendre leur soutien à Madame Nkosazana Dlamini Zuma, ex-ministre des Affaires étrangères, alors que la France apporterait son soutien au président sortant de la Commission, Jean Ping».
Or, la Commission de l’UE, par la voix de son ambassadeur en Afrique Sud, Roeland van de Geer, dément les informations selon lesquelles le haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, pèserait de tout son poids pour soutenir la candidature de l’ex-épouse de Jacob Zuma à cette élection.
Qui soutient qui?
«Ces allégations sont fausses. Catherine Ashton, n'est pas intervenue, sous quelque forme que ce soit dans le processus de désignation du futur président de la Commission de l'Union africaine. Ceci est, et a toujours été, une affaire purement interne pour les Etats membres de l'UA. Ni le haut représentant, ni le représentant de l’UE n’a exprimé une opinion sur les candidats à cette élection», a affirmé Monsieur Roeland van de Geer dans une mise au point publiée dans le même quotidien.
Ces assertions professionnellement amorales viennent s’ajouter aux informations erronées relayées par la presse sud-africaine, faisant état d’un retrait de Jean Ping de la course pour un deuxième mandat à la tête de l’organisation panafricaine. Cela, parce qu’il n’aurait ni le soutien du gouvernement gabonais, ni le financement de sa campagne et aucun soutien d'un pays non-africain. Dans la réalité, une campagne de soutien a bien été menée par le gouvernement gabonais au profit du candidat Ping depuis le mois d’août 2011. Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a même adressé une correspondance à ses pairs africains, y compris Jacob Zuma, sollicitant leur appui en faveur du candidat du Gabon.
Les soutiens africains de Ping
Le gouvernement gabonais à également exprimé son soutien inconditionnel à son candidat, Jean Ping, en rendant public un communiqué levant toute équivoque. De manière légitime et démocratique, le président Jacob Zuma a aussi présenté la candidature de son ex-épouse, ce que nous considérons enrichissant pour la démocratie en Afrique, en dépit de l’affiliation qui peut être un handicap pour elle. Ces deux Etats ont donc déployé des moyens considérables pour soutenir leur candidat respectif. Le Gabon n’a pas lésiné sur les moyens logistiques pour promouvoir la candidature de Jean Ping. Ainsi, le pays a mis à la disposition de son candidat ses aéronefs pour rallier les différentes capitales africaines pour faire sa campagne.
Du côté sud-africain, des émissaires ont été dépêchés à Washington, Londres, Paris, Moscou et Pékin, pour solliciter leur appui et bien évidemment leur influence auprès de certains pays africains en vue de soutenir la candidate sud-africaine. Ces différentes initiatives interrogent fortement les diplomates africains sur la pertinence des moyens et actions déployés pour cette élection qui ne concerne que les Africains.
Une campagne médiatique féroce
L’ex-épouse du président sud-africain, dont la compétence et le leadership sont reconnus, n’a pas besoin d'une telle campagne médiatique pour promouvoir sa candidature auprès des Etats membres de cette organisation, ni pour confirmer son statut et sa réputation de «bûcheuse coriace» et de femme respectée. Cette campagne dangereuse, menée par une presse sud-africaine sans scrupule, pourrait à terme nuire à la candidate et porter atteinte aux grandes valeurs que représente Nkosazana Dlamini Zuma pour son pays et pour l’Afrique.
En tant qu’Africain, soucieux de voir cette institution continuellement renforcée pour apporter des réponses aux grands défis de notre continent, nous pensons qu’il serait judicieux pour la démocratie en Afrique que les journalistes, quelle que soit leur nationalité, ne se discréditent pas par des prises de position sans fondement et des écrits mensongers qui n’honorent pas cette profession.
Macaire Dagry
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