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Au Bénin, les kamikazes sont les rois de l'essence

Au Bénin, un marché parallèle s’est construit autour de l’essence. Le blog Africamix s'est intéressé à ce phénomène très important à Cotonou, capitale économique du pays. Cette économie est tenue par les «kamikazes», des individus qui frôlent la mort tous les jours. Assis sur un réservoir d’essence capable de contenir une centaine de litres, ils peuvent à la moindre étincelle, au moindre geste brusque, s’embraser.

«Quand un "kamikaze" arrive à un feu rouge, les sueurs froides sont garanties !, raconte Eric. Autour de lui, les autres conducteurs se mettent à prier pour que tout se passe bien. D’autres démarrent en trombe pour dégager au plus vite!»

On retrouve les kamikazes le long des routes, des rues et des pistes de sable. Ils vendent à la population une essence frelatée appelée «kpayo». Les motos-taxis ou «zémidjans» (Emmène-moi vite! en langue fon) en sont férus. Les autorités béninoises n’ignorent pas l’existence de cette économie souterraine mais ne souhaitent pas mettre fin à un trafic qui fait vivre des dizaines de milliers de familles.

La plupart des kamikazes sont infirmes, leurs membres inférieurs ont été amputés. Ce handicap leur permettrait d’obtenir l’indulgence des douaniers et laisse davantage de place au grand réservoir d’essence.

Fort de leur succès, les kamikazes ont fini par supplanter les stations-services:

«Il n’y a que les voitures officielles et celles des organisations humanitaires qui font le plein là-bas, rapporte une habitante. Et uniquement quand les chauffeurs ont besoin d’une facture…»

Les contrebandiers se ravitaillent au Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique, et qui connaît actuellement une crise de l’essence. En effet, depuis le 1er janvier, le prix du litre était passé de 65 (0,30 euro) à 150 naira (0,66 euro). Face à cette augmentation, les principaux syndicats ont décidé de lancer une grève générale le 9 janvier. Pour stopper la grève, le président Goodluck Jonathan vient d'annoncer une baisse du prix de l'essence.

La crise nigériane, si elle venait à se prolonger, pourrait changer la donne au Bénin, même si, jusque là, les kamikazes se montrent confiants:

«Pour l’instant, les affaires continuent», déclarait l’un d’eux le 6 janvier.

Mais en réalité, la grève générale au Nigeria a déjà des répercussions sur le marché béninois. Début janvier, le litre d’essence était vendu 850 francs CFA au marché noir contre 400 francs CFA début décembre. Dans les stations-services, le prix était fixé à 500 francs CFA (entre 0,60 et 0,76 euro).

Lu sur Africamix

 

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