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Les journalistes tunisiens crient au retour de l'ère Ben Ali
Cela fait presque un an que le président tunisien Ben Ali a quitté le pouvoir. Et pourtant les journalistes tunisiens ont le sentiment qu’il est toujours là à travers la permanence de la censure qui a caractérisé son régime.
«Les journalistes ne décolèrent pas contre le gouvernement Hamadi Jebali, qui a nommé samedi [7 janvier] à la tête de plusieurs médias publics des responsables connus pour leur collaboration avec l’ancien régime», rapporte le site tunisien Kapitalis.
Des centaines de journalistes ont battu le pavé lundi 9 janvier pour dénoncer ces pratiques et protester contre ces nominations.
«Vous, les rétrogrades, enlevez vos mains de la presse!», «La presse est publique et elle n'est pas gouvernementale», «Non à la peur, non à la terreur, le pouvoir est au peuple», scandaient les manifestants devant la Kasbah, le siège du gouvernement à Tunis, rapporte le site Maghreb Emergent.
Au-delà des nominations, c’est véritablement un climat de censure et d’agressions que les journalistes sont venus condamner. La plupart des hommes nommés à la tête des médias se sont compromis avec le régime Ben Ali, déclarent les journalistes présents.
«Nous lançons un cri d'alarme après la multiplication des exactions et des agressions à l'encontre des journalistes et nous dénonçons aussi les récentes nominations anarchiques à la tête des médias, sans prendre l'avis des instances spécialisées», a déclaré Nejiba Hamrouni, la présidente du SNJT (Syndicat National des Journalistes Tunisiens).
Les professionnels des médias ont maintes fois répété leur attachement à l’indépendance des journalistes vis-à-vis du gouvernement et du pouvoir exécutif en général. Ils ont crié leur refus de toute forme de contrôle direct de l’Etat, rapporte le site tunisien Kapitalis.
En face de cette manifestation, un contre sit-in s’est organisé pour soutenir le gouvernement et ses décisions. Des anciens Rcdistes —de l'ex-parti de Ben Ali— déguisés en barbus diront certains.
Ce tollé général aurait poussé le nouveau gouvernement à céder en décidant d’annuler les nominations de certains rédacteurs en chef et d'un directeur de l'information à la chaîne nationale, rapporte le site Tunisia IT.
Lu sur Maghreb Emergent, Kapitalis
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