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Zimbabwe - La fin du business des petites culottes d'occasion

Le ministre des Finances zimbabwéen prend la question très au sérieux. Il a mis en place une loi interdisant d'importer ou d'acheter sur les marchés aux puces des sous-vêtements d'occasion.

L'importation «de sous-vêtements de seconde main en tout genre, qu'ils soient achetés, donnés ou procurés de quelconque manière», est désormais interdite, conformément au texte réglementaire 150 daté de 2011, indique le quotidien britannique The Guardian.

C'est l'une des dernières libertés qui n'ait pas été condamnée par le sulfureux Président zimbabwéen Robert Mugabe. Car le sujet est délicat: difficile de parler ouvertement petites culottes au Zimbabwe, après l'intervention dans le débat du ministre des Finances zimbabwéen, Tendai Biti, qui appartient au Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti d'opposition du Premier ministre Morgan Tsvangirai.

«On m'a dit que désormais, les femmes achetaient des sous-vêtements importés. Comment cela a pu se produire dans notre pays?» s'est questionné Tendai Biti. Si en tant que mari vous voyez votre femme porter des sous-vêtements de seconde main achetés aux puces, c'est que vous avez échoués [dans votre rôle]» a-t-il ajouté.

Tendai Biti a lui-même menacé: «Si j'étais votre beau-père, je reprendrais ma fille et vous presserais de mettre de l'ordre dans votre maison si vous tenez à la récupérer.»

L'interdiction d'acheter ou d'importer des sous-vêtements déjà utilisés a été introduite le 30 décembre. Elle aurait d'emblée déclenché des protestations de la part des petits commerçants qui décrient le fait qu'avec cette loi, le business de la petite culotte n'existera plus.

Les médias locaux ont eux salué cette loi qui permettra d'améliorer l'hygiène publique mais aussi l'estime de soi. Le quotidien zimbabwéen NewsDay indique qu'il s'agit «d'une des meilleures lois que notre pays a fait voter ces dernières années.» Et d'ajouter dans son éditorial:

«Le port de sous-vêtements déjà utilisés est la plus déshumanisante des choses qui soient. Aucun gouvernement digne de ce nom ne devrait permettre à ses citoyens d'être maltraité à ce point. Quelle nation sommes-nous devenue pour laisser faire cela en toute connaissance de cause? Laisser son peuple face à cette humiliation et à la maladie? Il est inconcevable pour un pays d'ouvrir ses frontières à l'importation de sous-vêtements déjà utilisés qui permettent à nos femmes de porter des sous-vêtements que d'autres ont déjà utilisés.» 

Un problème qui tend à s'institutionnaliser au Zimbabwe avec la pauvreté croissante au sein du pays. Le Zimbabwe détient le triste de record d'avoir l'un des taux de chômage les plus élevés au monde, estimé à plus de 90%.

Lu sur The Guardian, News Day

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