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Swaziland - Coca Cola accusé de soutenir le dictateur Mswati III

Coca Cola soutient-elle le dernier monarque d'Afrique, le roi Mswati III du Swaziland, à maintenir les inégalités dans son pays? C'est ce qu'affirme des défenseurs des droits de l'Homme au Swaziland. Ils appellent la compagnie américaine à se retirer immédiatement du pays.

Selon eux, le régime du roi Mswati III accorde des arrangements fiscaux à la compagnie et qui ne reverse pas les profits à la population. Quant à Coca Cola, elle profite de la main d'oeuvre bon marché et de l'abondance des champs de canne à sucre du pays. Mswati III est ainsi accusé par les activistes de piller les richesses de son pays.

«Coca-Cola doit savoir qu'elle fait affaire avec les mauvaises personnes», explique Mary Pais Da Silva, coordinatrice de «Swaziland Democracy Campaign» au Guardian. «La population swazie ne bénéficie en aucun cas de leurs profits tandis que le roi, lui, s'enrichit de jour en jour.»

Et d'ajouter:

«Le roi est en train de pomper le pays. [rester au Swaziland] C'est l'enrichir de plus en plus, en lui donnant la force économique d'écraser l'opposition

Avec une fortune personnelle estimée à 100 millions de dollars (environ 80 millions d'euros), Mswati III est à la tête du pays le plus touché au monde par la pandémie de sida. La majorité des Swazilandais vivent dans la plus grande pauvreté.

Même si la multinationale se défend de reverser directement tous les profits ou dividendes au roi, l'entreprise admet qu'elle ne peut pas savoir comment le gouvernement swazi utilise l'argent touché par les taxes imposées à l'entreprise. Certains militants estiment que Coca Cola contribue à hauteur de 40% du PIB du pays.

Par la voix de sa porte-parole en Afrique Centrale, Sheree Shereni, Coca Cola se targue même d'actions de charité dans le pays:

«Grâce à la Fondation Coca-Cola pour l'Afrique, qui a été mise en place au Swaziland en 2001, la population du Swaziland bénéficie de contributions à leur bien-être social dans les domaines de la gérance de l'eau, de la santé, de l'éducation et de l'entrepreneuriat» affirme-t-elle.

Selon l'activiste Lucky Lukhele, porte-parole du Swaziland Solidarity Network, au contraire, le refus de Coca Cola de quitter le pays est un aveu de faiblesse. Il compare les impératifs moraux de l'entreprise au choix qui avait été fait en 1987 de quitter l'Afrique du Sud pour le Swaziland et de boycotter le pays tant qu'il serait sous le régime de l'apartheid.

Pour lui, «Coca Cola doit trouver un moyen de rediriger les profits aux Swazilandais eux-mêmes. Et pour se faire, elle devrait commencer par soutenir les mouvements démocratiques. Les gens sont désespérés. Ils meurent du VIH, du SIDA et de la tuberculose comme s'il s'agissait du résultat de la mauvaise conduite du roi. Alors, soit elle soutient le peuple [en quittant le pays], soit elle ira dans la poubelle de l'Histoire avec le roi.»

Coca Cola de son côté affirme adhérer aux «plus hautes normes éthiques», et vise à être «une entreprise exceptionnelle dans toutes les communautés que nous desservons».

Mswati III est-il un roi exceptionnel lorsqu'il visite le siège social de la compagnie à Atlanta, aux Etats-Unis, tous les ans?

Lu sur The Guardian

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