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Un général «tortionnaire» à la tête des observateurs arabes en Syrie?

«Tout va bien», dit-il. Le chef de délégation d'observateurs dépêchés par la Ligue arabe en Syrie ne semble pas troublé par la situation dans la ville d’Homs, au nord de Damas, la capitale. Homs, bastion de la révolte contre le président Bachar el-Assa et théâtre de la répression tous azimuts du régime syrien, a accueilli les observateurs arabes emmenés par un militaire soudanais, le général Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi.

Ces propos du général soudanais qui se veut rassurant sur la situation à Homs ont plus que surpris au regard des images qui montrent clairement l'inverse, de l’appel à l’aide des habitants et des tirs nourris de l’armée syrienne, rappelle le quotidien algérien El Watan. Les observateurs arabes vont là où le régime veut qu’ils aillent. Le 27 décembre à Homs, ils se sont ensuite rendus le jeudi 29 décembre à Hama et Idleb, pendant qu’une vingtaine de manifestants tombaient sous les balles du régime.

Vêtus de gilets oranges, les observateurs apparaissent davantage comme des marionnettes du régime, incapables de répondre aux cris de désespoir des Syriens.

«Venez à l’intérieur du quartier, venez, il y a des martyrs au sol», dit un habitant de Homs.

Mais rien. Rien ne peut détourner les observateurs de la trajectoire décidée par les autorités syriennes. Le général soudanais qui dirige les observateurs, ne semble pas s'en inquiéter.

Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi est certainement le chef de mission humanitaire le plus improbable que le monde n’ait jamais vu, commente le magazine américain The Foreign Policy. Il soutient le président soudanais Omar el Béchir, recherché par la Cour pénale internationale pour génocide et crimes contre l'humanité pour les politiques menées par son gouvernement au Darfour. Nommé chef des services de renseignements militaires par le président soudanais en personne, il a participé à la traque des rebelles dans le Darfour et des opposants politiques à Khartoum. Aujourd'hui il conduit une délégation censée amorcer la fin de la répression en Syrie.

«Quand je l'ai [Moustapha al-Dabi] connu au Soudan, il avait la fonction exactement inverse puisqu'il était chargé d'empêcher qu'on enquête sur les crimes contre l'humanité qui se déroulaient au Darfour. On a donc là quelqu'un qui passe lui-même pour un tortionnaire aux yeux des opposants soudanais», à précisé Marc Lavergne, chercheur au CNRS et spécialiste du Soudan, interrogé par RFI.

Dans la vidéo ci-dessous postée sur YouTube, on peut voir les habitants de Homs interpeller les observateurs arabes le 27 décembre, en vain.

Lu sur El Watan, Foreign Policy

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