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Kenya: au moins trois morts dans de nouvelles violences

Après deux semaines de calme, la capitale kényane Nairobi a connu des scènes de chaos vendredi, au moins trois personnes ayant été tuées par balle pendant que la police réprimait violemment une manifestation de l'opposition, interdite par les autorités.

Un photographe de l'AFP a vu les corps de trois jeunes hommes tués par balle, tous touchés au niveau du torse et dispersés en trois lieux différents dans le quartier de Muthurwa, à proximité immédiate du centre des affaires de Nairobi.

Des milliers de supporteurs de l'opposition sont descendus dans les rues de la capitale pour saluer le retour de leur leader Raila Odinga, qui a passé 10 jours aux États-Unis pour tenter d'y rallier des soutiens, tout en dénonçant la passivité des Occidentaux à l'égard du processus électoral.

Défiant les autorités qui avaient interdit toute manifestation, les partisans de la coalition d'opposition Nasa se sont d'abord rassemblés aux abords de l'aéroport international Jomo Kenyatta, pour y fêter le retour de M. Odinga, 72 ans, aux cris de "Baba, Baba, Baba", "papa" en swahili, son surnom.

La foule, en majorité composée de jeunes gens, a ensuite commencé à suivre le convoi de voitures du chef de l'opposition, qui entendait tenir un rassemblement dans un parc du centre-ville.

Mais très vite la police est intervenue pour les disperser, usant d'abord de gaz lacrymogène et de canons à eau, puis en tirant en l'air.

Apparemment dépassés par les manifestants, qui leur lançaient des pierres, les policiers ont ensuite commencé à tirer à hauteur d'homme, selon les images des télévisions kényanes. Les mêmes scènes se sont répétées pendant deux à trois heures.

M. Odinga s'est ensuite brièvement adressé à la foule. "Aujourd'hui est le jour où nous lançons la troisième République au Kenya", a-t-il déclaré en référence à l'indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne en 1963 et à la nouvelle Constitution adoptée en 2010.

"Ce que vous avez vu est le signal qu'une troisième libération va bientôt arriver", a-t-il ajouté, avant de s'éloigner rapidement en voiture.

Nasa tente de mobiliser la population pour obtenir l'annulation de la présidentielle du 26 octobre, qu'elle avait boycottée et qui a été remportée par le président sortant Uhuru Kenyatta, avec 98% des voix. Elle exige l'organisation d'une nouvelle élection.

- Composer avec l'opposition -

L'opposition avait annoncé la formation d'un mouvement "de résistance" après la réélection de M. Kenyatta, 56 ans, le 30 octobre. La manifestation de vendredi est sa première démonstration de force depuis lors.

Elle est loin d'avoir réuni le million de personnes qu'elle avait promis. Mais elle a tout de même fait preuve de sa capacité de mobilisation, alors que le pays attend que la Cour suprême rende lundi sa décision sur la validité de l'élection du 26 octobre.

Le Kenya était resté calme depuis la réélection de M. Kenyatta et la vie avait repris un cours normal. L'opposition avait aussi appelé au boycottage d'entreprises proches du pouvoir, mais il est très difficile d'en évaluer les conséquences.

Au moins 52 personnes, selon un décompte de l'AFP, ont été tuées depuis l'élection présidentielle du 8 août. L'opposition avait obtenu le 1er septembre l'invalidation pour "irrégularités" par la Cour suprême de ce scrutin, déjà remporté par M. Kenyatta.

Mais elle n'avait pas vraiment réussi à capitaliser sur cette victoire et avait finalement décidé de boycotter le scrutin du 26 octobre, organisé après l'annulation du premier.

Elle avait justifié ce boycottage en estimant que les réformes qu'elle avait réclamées au sein de la Commission électorale (IEBC), critiquées par la Cour suprême pour les défaillances de la première élection, n'avaient pas été menées à bien.

Ses partisans avaient empêché la tenue du scrutin dans quatre comtés de l'ouest (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya) - sur les 47 que compte le pays -, en bloquant les bureaux de vote. Le boycott avait débouché sur une faible participation (38,8%), qui a terni la victoire de M. Kenyatta.

La Cour suprême doit se prononcer lundi sur deux recours déposés par un homme politique et par des membres de la société civile, qui visent à obtenir l'invalidation de cette seconde élection. 

Si la plus haute juridiction du pays va dans leur sens, une troisième élection devra être organisée dans les 60 jours. Sinon, M. Kenyatta sera investi le 28 novembre.

Pour nombre d'observateurs, la légitimité de M. Kenyatta sort affaiblie de ce processus électoral et il pourrait avoir à composer avec l'opposition. 

AFP

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