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Ces Tunisiens de France qui s'attaquent à une pizzeria du clan Ben Ali
Les premières recommandations du nouveau président tunisien, Moncef Marzouki, quant à la récupération des biens mal acquis par le clan du dictateur déchu, Zine el Abidine Ben Ali, semblent faire écho jusque sur le sol français.
Dans le sud de la France, près d'Antibes, d'après le quotidien régional Nice-Matin, plus de soixante personnes se sont rassemblées le 18 décembre devant l'imposant restaurant-pizzeria La Toscana.
Munis de drapeaux et de pancartes, sur lesquelles on pouvait lire en français ou en arabe: «Rendez l'argent des Tunisiens», le groupe de manifestants a réclamé la fermeture de l'établissement à force de slogans clamés en plein après-midi sur la route départementale menant à Antibes:
«Toscana égal voleurs! Cette affaire appartient au peuple!»
Organisée par le Collectif tunisien des Alpes Maritimes, présidé par Mustapha Bechir, un ancien journaliste, l'action menée par les membres de l'association dénonce les propriétaires du restaurant suspectés d'être d'anciens membres du clan Ben Ali, parmi lesquels, Abdelhakim Hmila, l'un des hommes d'affaires les plus influents de l'ex-président tunisien, spécialisé dans le transport, le bâtiment et l'immobilier.
Interrogé par Slate Afrique, le fondateur du collectif, Moustapha Bechir, justifie preuves à l'appui, l'organisation de cette manifestation:
«Nous sommes en possession de documents officiels et précis provenant d'enquêtes tunisiennes contre la corruption qui prouvent que cet établissement appartient à Abdelhakim Hmila via une société écran monégasque. On peut voir le nom de ses deux fils apparaître sur ces documents».
Ce dernier aurait en effet «racheté cette affaire en septembre dernier». Proche de la famille Trabelsi, Abdelhakim Hmila aurait par ailleurs œuvré sur les chantiers de plusieurs autoroutes tunisiennes et se serait, entre autres, occupé de la «Baie des Anges» à El Kantaoui, près de la ville côtière de Sousse.
De son côté, la direction du restaurant via l'avocat de l'établissement, Maître Jean François Gonzalez, dément les accusations du collectif:
«Cette mobilisation a pris pour cible un honnête commerçant. L'association s'est largement trompée de cible. La gérance n'a absolument rien à voir avec les événements de Tunisie. En revanche, elle vient de subir un préjudice terrible. Le collectif a traité les directeurs de criminels et d'assassins. Ce sont des faits graves. Tout n'est pas permis en France», souligne l'avocat.
Par ailleurs, le gérant du restaurant, cité par Nicematin.com, qui déclare être de nationalité égyptienne proteste contre «cette folle rumeur», et assure n'avoir «rien à voir avec l'homme recherché».
Le collectif qui se dit en dehors de tout mouvement politique, projette d'autres actions du même type dans la région. En parallèle, d'une lettre adressée au nouveau gouvernement tunisien pour l'informer et obtenir son soutien dans cette lutte menée dans le sud de la France, l'association compte aussi orienter ses prochaines investigations sur les propriétés de l'ancien consul tunisien de Nice.
«On va nettoyer dans notre région. Cet argent doit être rendu au peuple tunisien»,poursuit le président de l'association Mustapha Bechir.
Lu sur Nice-Matin
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DROIT DE REPONSE
Dans l'article intitulé «Ces Tunisiens de France qui s'attaquent à une pizzeria du clan Ben Ali», publié sur votre site www.slateafrique.com à l'adresse suivante: http://www.slateafrique.com/79773/france-tunisiens-cible-pizzeria-clan-ben-ali, vous me présentez dans les termes suivants:
«Organisée par le Collectif tunisien des Alpes Maritimes, présidé par Mustapha Bechir, un ancien journaliste, l'action menée par les membres de l'association dénonce les propriétaires du restaurant suspectés d'être d'anciens membres du clan Ben Ali, parmi lesquels, Abdelhakim Hmila, l'un des hommes d'affaires les plus influents de l'ex-président tunisien, spécialisé dans le transport, le bâtiment et l'immobilier (...).
Proche de la famille Trabelsi, Abdelhakim Hmila aurait par ailleurs oeuvré sur les chantiers de plusieurs autoroutes tunisiennes et se serait, entre autres, occupé de la «Baie des Anges» à El Kantaoui, près de la ville côtière de Sousse.»
Je démens avec vigueur avoir jamais été un proche de Zine el Abidine Ben Ali de près ou de loin, ou de la famille Trabelsi.
Je suis en possession de l'ensemble des éléments (actes, titres de propriété, règlements bancaires) qui prouvent que:
- Je n'ai jamais été impliqué dans des affaires frauduleuses ou de spoliation du patrimoine tunisien; je tiens, si vous le souhaitez, à votre disposition des éléments qui permettent de justifier l'ensemble de mes dires,
- Je ne me suis jamais approprié de biens appartenant à l'Etat ; bien au contraire, tout au long de ma vie professionnelle et personnelle en Tunisie, j'ai oeuvré comme citoyen pour des actions sociales en direction de la population défavorisée de la région dont je suis natif.
Je n'ai jamais occupé aucune fonction politique ou administrative au sein de l'Etat tunisien. Je suis issu d'une famille qui est aisée depuis plusieurs générations et n'avais donc aucune raison de chercher un quelconque enrichissement personnel, notamment pas par des moyens illégaux. Je rappelle en outre que mon activité d'homme d'affaires s'inscrit au plan international.
Vos affirmations sont donc sans fondement et leur caractère diffamatoire ne fait aucun doute.
Je vous précise que Toscana est une société de droit français, qui fait vivre à elle seule non moins de trente familles. Je suis moi-même depuis les années 1980 résidant français et commerçant à Nice.
Vous avez laissé diffuser ce type d'articles auprès de vos milliers d'internautes sans prendre la peine de vérifier son contenu. Or, ce document contient des informations de nature à tromper les lecteurs.
Il s'agit clairement de désinformation, et ce faisant, vous amplifiez des manoeuvres d'intimidation et d'appel à la haine contre un citoyen tunisien en territoire français, plus particulièrement en reproduisant un terme tel que «nettoyer», utilisé par Mustapha Bechir, Président du Collectif des Tunisiens des Alpes-Maritimes, et qui rappelle des périodes sombres de l'histoire de ce monde.
Mes avocats ont d'ores et déjà déposé plainte à l'encontre du Collectif des Tunisiens des Alpes-Maritimes pour diffamation.
Si Slate Afrique tient tant à dénoncer les abus de l'ancien régime tunisien, un bon début serait de ne pas suivre son exemple.
ABDELHAKIM HAMILA