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Les Algériens champions du «brûlage de frontières»

Harraga, les brûleurs de frontières, l’un des maux les plus emblématiques des pays du Maghreb qui n’offrent pas d’avenir à leur jeunesse. L’Algérie est un exemple éloquent car «11% des 11.808 migrants illégaux interceptés en Grèce durant la période de novembre 2010 à mars 2011 ont été identifiés en tant qu’Algériens», rapporte le quotidien algérien El Watan.

Outre les côtes grecques, les harraga algériens privilégient un autre itinéraire, celui du canal de Sicile. Côté Afrique, on l’a bien compris, le désespoir et un pari sur l’avenir pour ces jeunes fuyant un pays qui ne leur offre pas de raison d’espérer.

Côté Europe, s’organise une chasse aux harraga. Contrairement à un certain laxisme qui règne dans la zone euro, les Européens gèrent leurs frontières avec une plus grande rigueur. Toutes les énergies européennes sont requises pour éviter l’arrivée de migrants sur les côtes méridionales: Office européen de police (Europol), patrouilles navales de la marine française et la marine italienne, le Centre national d’intelligence, la CIA espagnole…

Devant le renforcement de la surveillance des frontières maritimes et les incitations financières pour encourager les retours des immigrés dans leurs pays, le quotidien algérien se demande pourquoi l’Algérie est-elle à ce point incapable d’apporter des réponses globales au mal-être de ses enfants. L’Algérie n’arrive pas à retenir ses jeunes, résume Ali Bensaâd, maître de conférences à l’université de Provence.

Après les Pakistanais et les Afghans, les Algériens représentent les immigrés les plus nombreux sur les côtes maritimes de l’Europe.

«Les Algériens ont été, en 2011, presque deux fois plus nombreux que les Marocains et six fois plus nombreux que les Tunisiens: 1.700 ont été interceptés après leur entrée, sans compter tous ceux qui ont été refoulés au départ et ceux, encore plus nombreux, qui, au contraire dès leur arrivée par la mer, peuvent s’évaporer dans la nature aussitôt sur les lieux», précise le quotidien algérien.

Face à la gérontocratie inamovible, de nombreux Algériens âgés de moins de trente ans ont un choix à faire: tenir le mur ou partir.

Lu sur El Watan

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