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Tunisie - Il y a un an à Sidi Bouzid...

Mise à jour du 29 décembre: Le Tunisien Mohamed Bouazizi, qui s'était immolé par le feu le 17 décembre 2010, déclenchant ainsi le soulèvement des Tunisiens, a été nommé «personnalité de l'année» par le quotidien britannique Times, le 28 décembre.

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Le 17 décembre 2010, la Tunisie a écrit l’Histoire, celle avec un grand H, celle du monde arabe et de tous les peuples victimes d’un régime dictatorial, écrit le titre tunisien Kapitalis. L’action: Mohammed Bouazizi s’immole. Un lieu: Sidi Bouzid devant le siège du Gouvernorat. Le temps: Il y a un an déjà…

Une humiliation de plus, celle de trop. Mohammed Bouazizi se voit confisquer son outil de travail, sa charrette et sa balance. Il se rend à la municipalité puis au gouvernorat pour se plaindre, plaider sa cause. Mais rien. Humilié, désespéré, Mohammed s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Il est transporté à l'hôpital local, puis à Sfax, et enfin au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis. Son décès est annoncé le 4 janvier. Claque ou pas claque, jeune diplômé chômeur ou marchand de légumes, l’étincelle prend rapidement. Dans la journée, des milliers de Tunisiens descendent dans les rues de Sidi Bouzid pour manifester leur colère après l’annonce de l’immolation. Ce n’est pas la première dans le pays, mais cette fois, c’est celle de trop, celle qui cristallise les colères et le désir de changement tant refoulé depuis des décennies.  La Tunisie s’embrase, l’Egypte, la Libye et d’autres pays encore qu’on disait bien tenus par des dictateurs amis, préférables à des islamistes. De son geste de désespoir, Mohammed Bouazizi a engendré un souffle d’espoir dans le monde arabe.

Le 17 décembre 2010, la Tunisie muselée et prisonnière du silence, la Tunisie privée de son peuple, la Tunisie endormie dans une longue nuit intellectuelle, la Tunisie martyrisée a définitivement brisé ses chaînes, ajoute Kapitalis, avec une once d’envolée lyrique.  

Un an après, Ben Ali est en exil en Arabie Saoudite, jugé par contumace. La Tunisie vient de se doter d’un nouveau Président de la République et d’un Premier ministre. Mais les attentes des Tunisiens sont toujours aussi fortes, un an après. Tous les ingrédients seraient là pour que l’étincelle prenne de nouveau. Les diplômés chômeurs, les vendeurs de fruits et légumes campent toujours devant le siège du gouvernorat, rappelle la correspondante du Monde.

Lu sur Kapitalis, Le Monde 

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