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L'UE et le Maroc s'harponnent au sujet de la pêche
L’Union européenne et le Maroc se dirigent tout droit vers une crise grave. Le 14 décembre, le Parlement européen refuse la prolongation d’un an d’un accord de pêche entre l’UE et le pays du Maghreb. Quelques heures plus tard, le Maroc riposte en invitant tous les bâteaux de pêche européens à quitter ses eaux territoriales avant minuit, rapporte le quotidien espagnol El Pais.
Le vote des députés européens était très serré. 326 députés ont voté contre la prolongation de l’accord, 296 en faveur, et 58 se sont abstenus. Cette prolongation avait pourtant été approuvée par les 27 Etats membres, le 12 juillet, et la Commission européenne, qui l'avait élaboré en 2006.
L'accord permet à 120 bateaux de pêche européens d'opérer dans les eaux du Maroc en échange d'une contrepartie financière européenne de 36,1 millions d'euros annuels. Cette décision va fortement pénaliser l'activité de la pêche en Espagne. Parmi la déléguation espagnole qui siège au Parlement européen (54) seuls 8 eurodéputés ont voté contre la prolongation.
Le Maroc déplore cette décision de l’UE, précise l’AFP:
«La décision du Parlement européen marque un développement regrettable, aux conséquences sérieuses sur l'avenir de la coopération entre le Maroc et l'UE en matière de pêche», indique le ministère marocain des Affaires étrangères.
Et le royaume chérifien n’a pas tardé à réagir:
«Aucune activité de pêche de la flotte européenne ne sera tolérée et tous les bateaux opérant dans le cadre de l'accord de pêche Maroc-UE sont invités à quitter les eaux territoriales nationales ce mercredi [14 décembre] avant minuit».
A l’origine de ce refus de prolongation, on trouve l’eurodéputé finlandais Carl Haglund qui a mis en doute la légalité de l'accord. Le Parlement européen souhaite que la population sahraouie soit mieux prise en compte.
Une décison enchante le Front Polisario. Créé en 1973, ce mouvement politique revendique l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975. Mohamed Sidati, délégué du mouvement à Bruxelles a salué ce geste de l'Europe.
Le Commissaire européen aux Affaires maritimes et à la Pêche, la Grecque Maria Damanaki, s’est déclarée pessimiste quant à l’avenir des relations entre l’UE et le Maroc dans ce domaine.
«Nous ne savons pas si un nouvel accord de pêche est possible avec le Maroc».
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