SlateAfrique

mis à jour le

Gambie - Yahya Jammeh, le président élu pour un milliard d'années

Fraîchement reconduit à la tête de la Gambie pour un quatrième mandat à la faveur d'une élection gagnée d'avance, le président Yahya Jammeh fait déjà parler de lui. Interrogé par BBC, cet habitué des phrases chocs a déclaré qu’il restera à la tête du pays pour de «très nombreuses années».

«Mon destin est entre les mains du Tout-puissant Allah. [...] Si je dois diriger ce pays pour un milliard d'années, je le ferai, si Dieu veut.»

Le provocateur chef de l’Etat a également précisé qu’il ne craignait pas de finir comme le président égyptien Hosni Moubarak ou le Guide déchu Mouammar Kadhafi.

A 46 ans, le natif de Kanilai est au pouvoir depuis 1994. Ce militaire arrive à la tête du pays par la force en réussissant un coup d’état. Deux ans plus tard, il est élu président et n’a, depuis, plus quitté le pouvoir. Cette année, Jammeh a, une nouvelle fois remporté l’élection présidentielle, une élection qui, à l’image des autres scrutins a été contestée.

Le président a été élu avec 72% des suffrages. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a fortement critiqué les conditions de déroulement du scrutin. L’organisme a refusé d’envoyer des observateurs sur place, estimant que l’élection n’était pas libre et équitable. La Cédéao dénonce également l’intimidation et la répression subies par l’opposition.

Le président se soucie peu des ONG:

«Je ne m’inclinerai devant personne et si cela ne leur plaît pas, ils peuvent aller au diable.»

Les candidats de l’opposition Ousainou Darboe et Hamat Bah ont respectivement obtenu 17% et 11% des voix. Le premier a qualifié cette élection de «bidon, frauduleuse et grotesque».

Malgré toutes les contestations, Yahya Jammeh n’a aucune intention de quitter le pouvoir, et entend conserver ses méthodes repressives. Mais quand on l’interroge sur ses pratiques, le président nie être à la tête d’un Etat autoritaire.

En décembre 2004, le journaliste gambien Deyda Hydara, rédacteur du journal privé Point newspaper est abattu. Le président rejette toutes implications du pouvoir.

«Ecoutez-moi: Est-il le seul Gambien mort? Est-il meilleur que les Gambiens morts dans des accidents, en mer, ou en essayant de rejoindre l’Europe? […] D’autres Gambiens sont morts dans ce pays. Alors pourquoi Deyda Hydara est-il si spécial?»

Yahya Jammeh a toujours été très provocateur. Il y a quelques temps, le président avait appelé à couper la tête des homosexuels.

Lu sur BBC News

A lire aussi

Grand monsieur docteur Yahya Jammeh, guérisseur gambien

L'étrange Ubu de Banjul