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L'Afrique de l'Ouest «submergée» par les huiles asiatiques
L'Asie fait peur aux producteurs d'huile du continent africain. La raison? Les huiles en provenance des pays asiatiques menacent dangereusement celles produites par les industries de la zone de l'Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) qui regroupe huit pays.
Réunis le 6 décembre 2011 à Dakar, au Sénégal, lors de la 11e Assemblée générale des membres de l'Umeoa, les producteurs d'huiles ont appelé les gouvernements des pays d'Afrique de l'Ouest à prendre des mesures de protection face à cette «invasion» d'huiles importées.
L'invasion, comme ils l'appellent, c'est celle des pays asiatiques, qui affichent une concurrence féroce auquelle les producteurs locaux n'ont pas les moyens de lutter. Et pour preuve: alors que la Côte d'Ivoire produit 400.000 tonnes d'huile de palme par an, l'Indonésie et la Malaisie en produisent 40 millions de tonnes. Au Bénin, l'huile en provenance d'Asie coûte 350 francs CFA (soit 53 centimes d'euros) alors que le prix réel est pratiquement le double pour les producteurs locaux.
Le président de l'Aifo-Uemao, M. Roland Riboux, qui dénonce un obstacle de taille:
«Les huiles indexées arrivent souvent dans nos pays sans avoir été quantifiées avec des tarifs qui ne sont pas toujours raisonnables.»
Car les huiles importées sont non seulement vendues moins cher dans la région, mais leurs pays d'origine ont également un niveau de production qui dépasse quatre fois ceux des pays de l'Afrique de l'Ouest.
Une situation qui suscite la révolte de l'Association des industriels de la filière oléagineuse (Aifo-Uemoa) qui n'ont pas les moyens de faire face à ces coûts de main-d'oeuvre à bas prix.
D'autant plus que cette concurrence intervient dans un contexte de déficit de 500.000 tonnes d'huile dans le marché de l'Uemoa. Le quotidien sénégalais Walfadjri n'hésite pas à parler de«concurrence déloyale». Alors, pour parer à cette menace, «il faut que nos coûts soient compétitifs, il y a un grand travail à faire», a indiqué M. Riboux.
La solution pour être compétitif, selon lui, passe par une production suffisante de matières premières (arachide, régimes de palme, graines de coton), mais aussi par une augmentation des capacités de transformation.
Thiendaté Bouyo Ndao, directeur général de Suneor, première entreprise agro-alimentaire au Sénégal, également deuxième vice-président de l'Aifo, a lui, mis l'accent sur la nécessité de sensibiliser les autorités publiques pour une plus grande prise en charge des besoins des huiliers. Il a appellé à «une solidarité d'action pour atteindre (les) objectifs, et couvrir les besoins en huile de la sous-région». L'heure est, à son avis, au rassemblement pour lutter contre la fraude, l'entrée «massive» d'huile asiatique à moindre coût. Ceci «nécessite qu'on s'organise pour éviter une invasion qui serait nocive à l'ensemble des filières que nous gérons» a-t-il indiqué. Faute de mieux.
Lu sur Sud Quotidien, Walfadjri
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