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Le cinéma tunisien à bout de souffle
«Il n’y a pas de marché, ni d’industrie du cinéma en Tunisie», selon Renate Roginas, directrice du programme de l'Union européenne Euromed Audiovisuel III, qui encourage les pays du sud de la Méditerranée à promouvoir les «industries créatives» dans leur stratégie de développement.
En Tunisie, les tournages de films étrangers rapportent beaucoup à l’économie locale. Mais, une industrie du cinéma ne parvient pas à émerger dans ce pays. L’Economiste maghrébin, un quotidien tunisien, enquête sur un secteur qu’il considère comme «à bout de souffle».
Pour le magazine, le premier frein est la pénurie de salles pour diffuser les films. Or Noir, le dernier film de Jean-Jacques Annaud produit par Tarek ben Amar, représente 15 millions d’euros de retombées économiques dans la région tunisienne où il a été tourné. Mais il n’a pu être diffusé que dans quatre salles: trois à Tunis et une à Sousse. Pour Fathi Kharrat, directeur du service cinéma au ministère de la Culture, l’équation est simple:
«L’absence de marché est une des principales entraves au développement du cinéma.»
Pourtant, les réalisateurs sont là. En 2011, le ministère a reçu 108 projets de films candidats pour être sélectionnés par la commission d’aide à la production, contre une quarantaine l'année précedente. Mais ces aides sont encore trop rares. Les réalisateurs semblent déconcertés par le manque de solutions pour financer leurs projets et regrettent l’insuffisance du budget de l’Etat consacré à cette industrie. Le ministère de la Culture alloue 4 millions de dinars (soit un peu plus de 2 millions d’euros) à la production cinématographique. Montant qui peut paraître dérisoire, car le budget moyen pour produire un film en Tunisie et de 1,5 million de dinars (762.000 euros).
Le marché du cinéma, qui passe aussi par la vente de DVD, est aussi gangréné par le piratage, très répandu en Tunisie. «A Tunis, des petites boutiques vendent, au vu et au su de tous, des DVD piratés», écrit le quotidien. Pour Fathi Kharrat, cela montre au moins que «la consommation de films existe». Maigre consolation.
Lu sur L'Economiste maghrébin
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