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«Les Experts» font parler les corps des martyrs

Depuis plusieurs semaines, l’ancien chef de la garde présidentielle tunisienne, le général Ali Sariati, est entendu par les juges d’instructions pour rétablir la vérité sur le départ précipité le 14 janvier 2011 du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali et sur les tirs des forces de l'ordre sur les manifestants qui ont fait plusieurs dizaines de morts.

Dans le cadre de son audition, le général Sariati a demandé aux magistrats d’extraire les balles des cadavres des martyrs tunisiens, rapporte Tunisie numérique qui s’appuie sur des sources proches du général. Selon Ali Sariati, l’analyse de ces balles permettra de révéler au grand jour les assassins des martyrs qui tiraient indistinctement sur la foule, parfois depuis des postes de snipers en hauteur.

L’exhumation de ces corps et l’extraction des balles établiront, grâce aux numéros de série relevés par l’étude balistique, l’identité de chaque individu (militaire, policier ou autre) qui abattaient les manifestants durant les révoltes populaires.  

Le juge d’instruction militaire a ainsi donné l’ordre d’exhumer les corps de cinq martyrs des villes de Thala et Kasserine, qui ont été présentés à un médecin légiste de l’hôpital de Kasserine.

Les corps de Marouen Jmili, Mohamed Omri et d’Ahmed Rtibi ont été déterrés par les forces militaires, ainsi que deux autres corps à Kasserine pour les besoins de l’enquête, rapporte The Tunisian Way.

Les familles présentes le jour de l’expertise, ont soutenu l’initiative et manifesté leur soulagement en observant le professionnalisme de l’enquête en cours tout en se satisfaisant de la traduction prochaine des vrais coupables devant le tribunal militaire.

Le général Sariati affirme être à l’origine du départ de l’ex-président Zine el–Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011. Il aurait forcé le dictateur à monter dans l’avion en partance pour l’Arabie saoudite, mais cette version des faits est contestée par le président déchu en exil avec sa famille à Jeddah.

Personnalité mystérieuse à l’instar de ces hauts fonctionnaires fidèles à l’ex-dictateur tunisien, le général Sariati était à la tête de 2.500 hommes. Lors de son arrestation le 16 mars 2011, il avait nié toute responsabilité dans les morts provoquées par les balles des policiers lors de la révolution tunisienne.

Relayé par le site Nawaat, le général Sariati avait fait le récit de ces quelques heures déterminantes qui ont précédé la fuite de l'ex-président:

«J’ai informé le président des événements des dernières vingt-quatre heures en lui communiquant le nombre de 28 tués par balles, et indiqué qu’il y avait huit cas à Tunis et El-Kram —commune proche du palais de Carthage. Je lui ai dit aussi que la journée allait être difficile du fait que les six morts au Kram seraient ensevelis vendredi après la prière, et que cela constituait une menace grave. Il m’a alors chargé de contacter qui de droit pour ne pas informer l’opinion publique du nombre de tués et pour donner à chaque famille 5.000 dinars —2.500 euros. Il m’a demandé de coordonner cela avec le gouverneur de Tunis, et un montant de 40.000 dinars a été versé.»

Lu sur Tunisie numérique, Kapitalis, The Tunisian Way, Nawaat