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Frantz Fanon, l'anticolonialiste algérien d'adoption

Le 6 décembre 1961, s'éteignait un grand nom de la lutte anti-colonialiste: 50 ans que Frantz Fanon n'est plus. Ses écrits eux, restent toujours bien présents, plus présents que jamais.

Né en Martinique, en 1925, Frantz Fanon s'était engagé dès son plus jeune âge dans la lutte pour la liberté. A 17 ans, le jeune homme quitte les Antilles, dirigées par des gouverneurs pétainistes, et se rend à Sainte-Lucie, une île sous domination britannique. Là-bas, il s’engage dans les forces libres du général De Gaulle.

Après la guerre, il étudie la médecine à Lyon et suit des cours de philosophie. En 1952, Fanon s’installe en Algérie, son deuxième pays, et exerce son métier de psychiatre à Blida. Confronté à la misère des malades, l’intellectuel décide, une fois de plus, de s’engager. Militant anticolonialiste, il prend fait et cause pour l’indépendance algérienne. Les liens qu’il entretient avec le Front de Libération Nationale (FLN) lui valent d’être expulsé en 1957.

Il fut ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). «Algérien, il l’est devenu par amour pour ce peuple, par amour pour ces femmes et ces hommes qui ont juré de verser leur sang pour s’émanciper totalement de la tutelle coloniale, pour devenir une nation à part entière», souligne le quotidien algérien El Watan.

«L’urgence est telle que cet anniversaire doit permettre à chacun d’entre nous de se réapproprier Frantz Fanon, de l’intégrer définitivement dans l’imaginaire collectif.»

Outre un homme de combat, Frantz Fanon est également un homme de lettres. On lui doit notamment le livre Peau noire, masques blancs qui dénonce le racisme et Les Damnés de la Terre qui traite de la question de la violence dans les mouvements de libération nationale. Il s’éteint aux Etats-Unis le 6 décembre 1961, quelques mois avant l’indépendance algérienne.

Au fil des années, différents hommages ont été rendus à Fanon, à tel point qu’il est devenu impossible de le dissocier de l’histoire du mouvement national. Il représente, avec Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et tant d’autres, cette génération d’intellectuels qui ont combattu le colonialisme sous toutes ses formes, sous tous ses visages.

Nombre d’intellectuels le célèbrent:

«Fanon est dans l'air du temps et pas seulement dans les banlieues. Sa voix, souffle inépuisable, a l'éclat du métal. Sa pensée, une arme de silex, est animée par une indestructible volonté de vie, une poétique et une pratique de la vie», a déclaré le Camerounais Achille Mbembe.

Sa fille Mireille Fanon-Mendès-France, est présidente de la Fondation Frantz-Fanon créée pour entretenir la mémoire de ce grand homme:

«Il était un homme indivisible et ne saurait être réduit à une dimension particulière des luttes», a-t-elle déclaré lors d'une journée d'études à Paris.

Plusieurs manifestations sont organisées pour saluer l’œuvre de l’intellectuel. A Alger, le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) organise le 6 et le 7 décembre, des journées d'étude sur l'auteur à la Bibliothèque nationale d’El-Hamma, rapporte Liberté.

Lu sur El Watan, LibertéAfrik.com

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