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Un WikiLeaks à l'égyptienne

WikiLeaks, l’organisation à l'origine de la publication de documents diplomatiques classés confidentiels, fait des émules. Sur Facebook, la page Amn Dawa Leaks (littéralement, «les fuites de la sécurité d'Etat») recense depuis le 5 mars 2011 des preuves de la surveillance d'Etat mise en place par le régime d'Hosni Moubarak en Egypte.

Celles-ci ont été saisies par des manifestants qui se sont introduits de force, le jour même, dans les locaux du ministère de la Sécurité intérieure. La veille, le ministère de l'Intérieur avait annoncé que toutes les opérations de sécurité de l'Etat étaient suspendues jusqu'à sa «restructuration». Tout le personnel avait alors évacué les bâtiments, et les manifestants ont profité de l'occasion pour s'y introduire.

Devançant toute nouvelle destruction de documents potentiellement compromettants, ils ont réussi à collecter des fichiers comportant des informations sur la torture de prisonniers, la corruption, les mots de passe de comptes Facebook ou Skype de citoyens égyptiens, des rapports de surveillance de la minorité chrétienne du pays, et plus encore.

Depuis sa mise en ligne, la page rencontre un grand succès avec déjà presque de 14.500 «likes». WikiLeaks (le vrai) l'a même mentionné sur son compte Twitter, où le hashtag #AmnDawla a été utilisé plus de 3.000 fois.

WikiLeaks «du pauvre», Amn Dawa Leaks pâtit néanmoins de son support (Facebook). Contrairement à WikiLeaks, le groupe ne se soucie guère de préserver l’anonymat de ses contributeurs, un thème pourtant très sensible dans cette Egypte qui porte encore les séquelles des années Moubara.  En effet, en cas d'enquête de police, le réseau social peut se voir contraint de procurer les informations d'identification dont il dispose aux enquêteurs.

De plus, «Facebook n'apporte aucune garantie sur la pérennité de ce qui y est publié», écrit Le Monde. Le quotidien poursuit:

«En tant qu'hébergeur, Facebook est légalement responsable de la suppression des contenus contraires à la loi sur sa plate-forme dans la plupart des pays. Par le passé, le réseau social a montré qu'il préférait supprimer les contenus visés par des plaintes plutôt que de prendre le risque d'être condamné, voire bloqué dans les pays les plus autoritaires.»

Le WikiLeaks égyptien pourrait donc avoir une durée de vie assez limitée...

Lu sur Le Monde