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Les diamants de sang n'ont pas disparu du marché
C’est un désaveu retentissant pour la politique de lutte contre le commerce de ce qu’on appelle les «diamants de sang», c'est à dire qui ont financé certains conflits en Angola, en Sierra Leone ou encore en Côte d'Ivoire.
Global Witness, une ONG de surveillance de la corruption et des atteintes aux droits de l’homme à travers le commerce des ressources naturelles, a annoncé le 5 décembre qu’elle se retirait du Processus de Kimberley qui tente d'empêcher les «diamants de sang» d'atteindre le marché mondial. Ce dispositif mis en place en 2003 avec la participation de 75 gouvernements, rend obligatoire la certification des diamants bruts. Il est jugé «obsolète» par l'organisation.
«Près de neuf ans après le lancement du Processus de Kimberley, la triste vérité est que la plupart des consommateurs ne peuvent toujours pas être certains de la provenance de leurs diamants, ni savoir s’ils financent des violences armées ou des régimes répressifs», explique Charmian Gooch, directrice-fondatrice de Global Witness.
L’ONG alarme en particulier l’opinion sur les mines de diamants de Marange au Zimbabwe, où les graves manquements aux droits de l’homme sont légions d'après elle.
«Il [le processus de Kimberley] ne s’est pas non plus montré disposé à veiller à ce que les diamants cessent d’alimenter la corruption et la violence au Zimbabwe. Il s’est fait complice du blanchiment des diamants —des diamants sales ayant été mélangés à des gemmes propres», a déclaré Charmian Gooch.
Global Witness trouve «consternante» l’autorisation d’exporter de deux entreprises opérant à Marange, d’autant plus que l'activité de cette mine financerait les campagnes du président du Zimbabwe, Robert Mugabe:
«L’armée zimbabwéenne s’est emparée du contrôle de la région en 2008, tuant environ 200 creuseurs. Plusieurs de ces entreprises entretenant des liens avec de hautes personnalités du parti de Robert Mugabe, le Zanu-PF», écrit l’ONG, avant d’ajouter que «le service de sécurité d’État aligné sur Mugabe (…) bénéficie directement des revenus qui sont dégagés des diamants», selon certains journaux.
Le signal d’alarme tiré par Global Witness a reçu le soutien de toute une coalition d’autres organisations non gouvernementales qui ont boycotté la dernière réunion du Processus de Kimberley en novembre, en République démocratique du Congo, indique le Los Angeles Times.
Lu sur Global Witness, Los Angeles Times
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