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Faune (politique) en voie d’extinction
Le dessinateur burkinabè Damien Glez décrypte les révolutions nord-africaines avec une illustration et un texte inédits.
Le couguar n’est plus. Le puma de l’Est américain a été officiellement déclaré éteint le 2 mars 2011. L’Afrique n’est pas à l’abri de telles disparitions d’espèces. Le sort du grèbe de Madagascar, un oiseau vivant près des lacs, a ainsi été scellé après une vingtaine d’années d’infructueuses expéditions pour l’observer.
Sur les 78 espèces de mammifères recensées en Tunisie, 28 sont des espèces rares. 7 sont protégées, car menacées d’extinction, comme le lion de l’Atlas et le guépard. En un siècle, le pays a dû se priver de la gazelle dama mhorr et de l’antilope addax.
Il vient récemment de voir disparaître, par migration en Arabie Saoudite, une espèce rare de la faune politique… Jusque-là très rusé, ce «fennec» autocrate était plus connu sous le nom de renard des sables. Redoutable chasseur, ce canidé avait de longues oreilles qui lui permettaient d’entendre le moindre petit grognement de son peuple. Jusqu’à ce que la grogne devienne assourdissante.
Lorsqu’il était pourchassé, le fennec creusait jusqu’à deux mètres de profondeur, atteignant un terrier tapissé de matériaux moelleux comme la fourrure, les plumes et les billets de 500 euros.
Le sphinx a disparu
En Egypte, ce ne sont pas que le mouflon d’Afrique ou le lynx du désert qui ont disparu. Au pays des serpents, des scorpions et des ânes, la dernière espèce de sphinx ne s’observe déjà plus au Caire.
Cette version moderne surnommée «raïs» n’est plus qu’une légende: buste d’humain pour rassurer la communauté internationale, corps de lion pour tenir son peuple en respect et ailes d'oiseau pour s’envoler vers Charm el-Cheikh…
Le varan, espèce en danger
En Libye, pays des agames, des scorpions et des vipères de sable, les oryx algazelles, chassés pour leurs cornes, sont proches de l'extinction. Il existe également une espèce de «varan» hargneux (fig. 1) qui pourrait disparaître dans les semaines à venir. Le mot «varanus» est une latinisation du mot égyptien «waran» qui signifie «avertisseur», d'après une croyance selon laquelle les varans du Nil avertissaient la population de la présence de crocodiles (barbus?).
Ces lézards se distinguent par leur long cou ridé, leur crâne triangulaire, leur langue bifide favorable au double langage et leur grand appétit carnivore. Ils ont des mâchoires puissantes et des membres armés de cinq griffes acérées. Les varans ont des oreilles externes et des paupières mais, curieusement, ils ne semblent ni entendre ni voir…
Ne vous fiez pas aux derniers râles de l’animal qui, même lorsqu’il rampe, prétend que c’est sa position debout…
Damien Glez
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