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Le jatropha, cet arbre mystérieux

Le dernier rapport de l'ONG Les Amis de la Terre accable le jatropha, cet arbre dans lequel beaucoup d'entreprises avaient placé de grands espoirs en matière de développement durable. Intitulé «Jatropha: l'argent ne pousse pas sur les arbres» il dénonce un leurre quant à la viabilité économique de cette plante.

De nombreuses entreprises ont investi dans cette culture et continuent de le faire. En 2008, sur un million d'hectares planté à travers le monde, 12% l'étaient en Afrique. En 2010, la culture du jatropha occuperait cinq millions d'hectares, et à l'horizon 2015, quinze millions. Cet arbre originaire d'Amérique Centrale avait été présenté comme la solution pour lutter contre la pauvreté dans les pays en voie de développement (PED). Non-comestible, il est encore considéré comme le biocarburant de l'avenir, avec l'avantage non négligeable pour l'Afrique de pousser sur des terres arides, sans nécessité d'irrigation.

Selon les Amis de la Terre, pour être rentable, la culture du jatropha nécessiterait des engrais, des pesticides et... beaucoup d'eau. Au Mozambique, une expérience a prouvé que l'irrigation était indispensable dans les premières années de culture. Pour appuyer ces conclusions, l'ONG prend pour exemple l'échec de la compagnie britannique D1 Oils au Swaziland. En 2005, elle prévoyait d'y implanter 50.000 hectares de jatropha pour obtenir du biocarburant. En 2009, D1 Oils déplorait «des résultats décevants».

Des milliers d'hectares en Afrique ont été concédés ces trois dernières années aux compagnies de biodiesel, pour la culture du jatropha: le Suédois Biomassive AB pour une durée de 66 ans en Tanzanie, l'Allemand Flora EcoPower pour 50 ans en Ethiopie.

Le rapport ajoute que ces concessions provoqueraient un déplacement des populations autochtones et un bouleversement de la biodiversité non réversible.