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Afrique du Sud - Nos ancêtres les bushmen
L'Afrique berceau de l'humanité, certes. Mais d'où plus précisément est originaire homo sapiens? Une étude scientifique que vient de publier la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) apporte des éléments de réponses inédits.
Contrairement aux conclusions rendues par l'anthropologie et les recherches sur les fossiles qui situent les origines de l'homme moderne dans la région des hauts-plateaux de l'Afrique orientale, l'étude basée sur une vaste collecte de l'ADN de tribus africaines pointe plutôt le sud du continent, aux portes du désert du Kalahari.
Une équipe de chercheurs de l'Université de Stanford en Californie ont examiné des échantillons de salive prélevés sur des membres de tribus Hadza et Sandawe de Tanzanie et des bushmen Khomani d'Afrique du Sud. Ils ont ensuite comparé leurs ADN à ceux de populations plus étudiées comme les Masaï du Kenya, et les Yoruba d'Afrique de l'ouest.
«Les données ont montré que les populations de chasseurs-cueilleurs de la région [australe] ont le niveau le plus élevé de diversité génétique, ce qui est un indice de longévité», résume BBC News.
Plus on progresse vers le nord du continent, plus cette diversité génétique décline. «Cela suggère que l'origine la plus probable des hommes modernes vient de là», en Afrique australe, conclut la co-directrice de l'étude Brenna Henn.
Dans le San Jose Mercury News, le professeur de biologie à Stanford Marcus Feldman souligne:
«Nous devons reconnaître nos propres origines au sein d'un groupe de chasseurs-cueilleurs que la plupart des gens d'aujourd'hui considèrent comme primitifs.
Ils n'utilisent pas de métal, vivent dans l'environnement le plus rude, doté de très peu d'eau, leurs armes de chasse sont rudimentaires et ils ont un régime alimentaire très peu calorifique.»
Est-ce à dire que l'humanité a vu le jour dans une région désertique aussi reculée que celle où vivent actuellement les bushmen? L'étude ne permet pas de trancher.
«Il y a plusieurs milliers d'années, les populations bantoues plus abondantes d'éleveurs de bétail ont crû, et de nombreux bushmen ont péri ou fui dans le désert subsaharien. Les scientifiques de Stanford ont étudié les descendants des populations restantes, les survivants», précise le quotidien californien.
Interrogé par la BBC, le professeur de paléontologie Chris Stringer, du Musée d'histoire naturelle de Londres (qui n'a pas participé à l'étude), se montre réservé sur la possibilité de localiser le berceau de l'humanité.
Il observe que «les peintures rupestres d'anciennes peuplades qui ont été en contact avec les bushmen laissent penser que ces derniers ont été autrefois bien plus nombreux».
Stringer ne croit pas en un «Jardin d'Eden» circonscrit à un espace unique. Selon lui, «des populations diverses de l'ancienne Afrique ont sans doute contribué sur le plan génétique et comportemental à la création des hommes modernes».
Lu sur BBC News, San Jose Mercury News, PNAS