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Libye - Seif al-Islam, un étudiant chouchouté par les Anglais
Arrêté au sud de la Libye et sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale de la Haye, Seif al Islam est un homme fini. Un destin d'autant plus sombre que le fils de Mouammar Kadhafi a eu ses heures de gloire, courtisé par les grandes chancelleries occidentales, notamment celles du Foreign Office britannique.
Une nouvelle enquête menée par Lord Woolf, haute figure de la justice britannique, a révélé le soutien du gouvernement et des entreprises britanniques à Seif al-Islam, lorsqu'il était étudiant de la London School of Economics à partir de 2002. Une manière de se rapprocher du marché libyen, dopé aux pétrodollars?
Aux origines de l’enquête, les liens financiers entre la London School of Economics et la Libye via un don de 1,5 million de livres (1,8 million d'euros) généreusement versé par un organisme de bienfaisance dirigé par le fils Kadhafi, rapporte le Guardian. Ce qu’on reproche à cette grande institution, c’est d’avoir pactisé avec le diable. Sauf qu’à cette époque, les Kadhafi étaient encore invités dans tous les palais présidentiels, cette transaction n’avait donc rien de polémique.
Outre les défaillances de gouvernance révélées par l’enquête, celle-ci s’est également penchée sur les intérêts commerciaux qui encourageaient un tel rapprochement entre la London School of Economics et Seif al Islam. Une affaire qui dérange, le directeur de la London School of Economics, Sir Howard Davies, démissionne en mars dernier.
«Il est clair que des structures adéquates de gouvernance sont nécessaires pour protéger l’intégrité académique [de la London School of Economics] contre l’influence des intérêts des donateurs privés», précise Lord Woolf.
Le rapport pointe également le soutien du Foreign Office au fils de Mouammar Kadhafi. Au printemps de 2002, un haut fonctionnaire du Foreign Office a demandé à l'université d'Oxford si Seif al Islam pouvait intégrer un diplôme de maîtrise. «Il est évident... que le Foreign Office apprécierait cette aide, au moment où la Libye s’ouvre à nouveau à l’Occident», rapporte le Guardian. Le chef du département d'Oxford du développement international avait alors refusé la demande car Seïf al Islam n'avait aucune formation en sciences sociales, et son diplôme antérieur ne répondait pas aux qualités requises pour pouvoir intégrer le cursus.
L’enquête rend également public le détail des transferts d’argents entre la LSE et le régime libyen. Y figure une récompense de 22.857 livres (27.000 euros) pour dédommager les déplacements des conférenciers universitaires qui ont dû se rendre en Libye, ainsi qu’un contrat de 2,2 millions de livres (2,6 millions) pour former les fonctionnaires libyens et des professionnels.
Le soulèvement des rebelles libyens et la chute des Kadhafi ont mis en lumière ces liens financiers étroits entre le régime libyen et cette grande institution britannique.
Lu sur The Guardian
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