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Les rappeurs français contre le délit de «sale gueule»
D'aucuns vous le diront: en France, les noirs et les Arabes sont plus contrôlés que les blancs.
«Ce qui n’était jusqu’alors qu’une impression a pris consistance avec une étude intitulée "Police et minorités visibles, les contrôles d’identité à Paris"; elle est menée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Paris et l’Open Society Institute de la Fondation Soros à New York», note la Tribune de Genève.
Axiom, rappeur français d’origine marocaine, a déjà subi de nombreux contrôles de police. Un jour, il rentre avec sa compagne dans sa ville natale, Lille, la métropole du nord de la France, en voiture. Une BMW. C’est alors qu’un camion de police fait surface derrière lui. Habitué des contrôles, il se gare et sort ses papiers. Mais son épouse, «blanche et blonde avec l'accent parisien», et choquée par ce contrôle injustifié, décrit-il, se met à questionner la légitimité de ce contrôle avec les agents. Il refait la scène:
«Qui vous a dit qu’il fallait le contrôler, demande-t-elle à la police, et pourquoi vous ne me contrôlez pas?».
«Nous, on a des ordres, Madame. C’est le préfet. Il y a un signalement sur la ville de Lille. (…) On a des consignes précises», répond le policier.
C’est contre ce genre de discriminations que le rappeur du Nord a voulu raconter cette anecdote dans une vidéo de quelques minutes diffusée sur Internet. Après le témoignage de deux autres rappeurs français Mac Tyer et de Soprano, c’est le troisième épisode de la web-série «Mon premier contrôle d’identité», initiée par le collectif «Stop le contrôle au faciès».
Ce collectif est né en réaction à la publication de l’étude du CNRS de 2010, qui explique que les «contrôles abusifs sont subis prioritairement par ceux qui sont perçus comme "jeunes" (11 fois plus), "noirs" (6 fois plus que les "blancs"), ou "arabes" (8 fois plus)».
Pour lutter contre ces délits de faciès, ces vidéos, diffusées aussi par le Nouvel Observateur, appellent tous ceux qui subissent des contrôles «hors véhicule et sans motif», à le signaler par SMS.
Sur son site, le collectif rappelle qu’il n’est pas un groupe «anti-police» et qu’il souhaite promouvoir,
«une pratique du contrôle d’identité respectueuse des droits de chacun, et plus efficace dans la lutte contre la criminalité et la protection des citoyens sur le long terme».
Pour les prochains épisodes, se sont les artistes de Hip-Hop, La Fouine, Sexion d’Assaut, Sefyu, Oxmo Puccino, Doudou Masta ou encore Alibi Montana qui raconteront leurs souvenirs de contrôle d'identité.
Lu sur Tribune de Genève, Le Nouvel Observateur, Stop le Contrôle au faciès
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