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Un cowboy lors d'une compétition de rodéo à New-York le 9 janvier 2010.  Reuters/Mike Segar
Un cowboy lors d'une compétition de rodéo à New-York le 9 janvier 2010. Reuters/Mike Segar

Fin du western pour Laurent Gbagbo

Laurent Gbagbo est arrivé à La Haye dans la nuit du 29 au 30 novembre. Fin de partie pour l'ancien dirigeant ivoirien.

Mise à jour du 1 er décembre: L'ancien président ivoirien Laurent  Gbagbo comparaîtra le 5 décembre pour la première fois devant la Cour pénale internationale (CPI) qui le soupçonne de crimes contre l'humanité commis lors des violences post-électorales de 2010-2011.

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Le Western est bel et bien terminé pour Laurent Gbagbo, titre le quotidien ivoirien pro-Ouattara le Patriote. Son transfert à la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) sonne la fin de ce que Laurent Gbagbo, lui-même qualifiait de «Western» dans ses derniers discours de campagne, avant l’élection présidentielle de 2010.

«La nouvelle a illuminé le paysage politique ivoirien. Ce qui passait pour un mirage et du règne de l’impensable(...), vient de se réaliser», ajoute le quotidien ivoirien.

C’est effectivement la surprise qui a régné le 29 novembre en Côte d’Ivoire après l’annonce du transfert du «Woody de Mama», la ville natale de l’ex-Président, au nord-ouest d’Abidjan.

«On s’y attendait, mais la rapidité de la procédure a surpris tout le monde», lit-on dans le quotidien burkinabé l’Observateur Paalga.

C'est le tour de Gbagbo

Celui qu’on décrivait comme «le candidat des Ivoiriens», «le résistant», est arrivé à La Haye dans la nuit du 29 au 30 novembre dans un avion affrêté par la CPI aux Pays-Bas en provenance de Côte d’Ivoire.

Après Charles Taylor, Jean Pierre Bemba et les autres dirigeants sanguinaires, voici venu le tour de Laurent Gbagbo, accusé de crimes contre l’humanité lors des violences post-électorales qui ont fait sombrer le pays dans un climat de guerre civile. La crise qui a suivi le deuxième tour de l'élection présidentielle contestée d'Alassane Ouattara en novembre 2010, avait donné lieu à des exactions et des déplacements de population.

Mais qu’est-ce qui attend un dirigeant africain dès lors qu’il passe le seuil de la CPI? Toutes ces informations détaillées sur le site officiel de la CPI donne à imaginer le quotidien des détenus, hier acclamé, aujourd’hui honni, observe le Patriote.

«Les détenus disposent de cellules individuelles» et «les personnes détenues sont autorisées à cuisiner», rapporte le quotidien ivoirien.

La réconciliation nationale se fait attendre

Mais cette nouvelle est loin de réjouir les proches de l’ancien maître d’Abidjan qui voit dans ce transfert, une vengeance des vainqueurs sur les vaincus. La loi du talion primerait donc sur la réconciliation nationale tant vantée par le dirigeant ivoirien, Alassane Ouattara.

«Nous sommes face à la justice des vainqueurs, mais il n'y a pas de vainqueur éternel», a commenté au téléphone Laurent Akoun, le secrétaire général du Front patriotique ivoirien (FPI, le parti de Laurent Gbagbo).

Le site burkinabé Fasozine voit également dans ce transfert un double échec, celui de la justice ivoirienne incapable de prendre le cas Gbagbo à bras le corps et celui du politique, qui choisit de transférer Gbagbo alors que le pays panse encore ses plaies de la crise post-électorale.

 «Le hic dans le transfert de Laurent Gbagbo de sa geôle de Korhogo vers La Haye, au plus tard ce mercredi, c'est que la période semble mal choisie. Quelque chose tombe mal en tout cas, dans ce contexte de réconciliation», commente le site burkinabé.

Gbagbo à La Haye et après?

Les rancœurs et les animosités sont latentes, en puissance et ne demandent qu’à exploser. Les partisans de Laurent Gbagbo n’oublient pas leur président et les exactions commises dans les deux camps au lendemain des élections présidentielles. Quelles suites pour la Côte d’Ivoire? En juillet dernier, un rapport d'Amnesty International dénonçait «un climat de peur» car l'insécurité règne toujours dans le pays, notamment contre certaines ethnies, comme celles des Guérés, réputés pro-Gbagbo.

La crispation se lit également dans l'arrestation de trois journalistes ivoiriens, qui ont osé critiquer les frasques d'Alassane Ouattara, l’achat de 40 Mercedes quand une grande partie de son peuple meurt de faim, rapporte le journal d'Abidjan. Le Western ivoirien continue.

Nadéra Bouazza

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Nadéra Bouazza. Journaliste à Slate Afrique

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