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Un membre du personnel médical du centre anti-Ebola de Macenta en Guinée en 2014. KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Un membre du personnel médical du centre anti-Ebola de Macenta en Guinée en 2014. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Le retour d'Ebola au Congo est un test avant la prochaine grande épidémie

Le virus Ebola, qui avait tué plus de 11.000 personnes en Afrique de l'Ouest entre 2014 et 2016, est réapparu au Congo.

Dans une région reculée de la République démocratique du Congo, le virus Ebola a refait surface, tuant au moins 3 personnes et en envoyant six autres à l'hôpital. Et ce n'était pas une simulation.

Dans le sillage de l'épidémie d'Ebola de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest, dans laquelle presque toutes les réponses de la communauté internationale ont été défaillantes, beaucoup de choses ont changé. Il y a désormais des stocks de vaccins expérimentaux contre le virus Ebola, dont l'efficacité a été prouvée à 100% lors de tests menés en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone.

À lire aussi: Ebola est réapparu au Congo où le virus a causé la mort d'au moins une personne

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a concentré un déluge de critiques pour la lenteur de sa réponse lors de l'émergence du virus en Guinée en 2014, a créé de nouveaux départements, de nouvelles règles et a engagé des réformes qui visent à améliorer ses capacités de réponse à une urgence sanitaire. Et de nombreuses autres organisations, de l'Agence américaine pour le développement international à l'ONG Médecin sans frontières, ont mis en place de nouveaux systèmes de surveillance, réaménagé leurs politiques de crise et ont formulé le voeu de «faire mieux» la prochaine fois. Une organisation humanitaire sénégalaise, Alima, a déjà des enquêteurs volontaires médicaux en route pour le village reculé du Congo où est réapparu le virus. 

La prochaine fois est ici. C'est isolé, reculé et petit pour le moment. 

De la jungle au siège de l'OMS

Pour l'instant, les choses semblent s'être nettement améliorées. Tôt le matin du 12 mai, l'OMS a envoyé des messages d'urgence par téléphone portable partout à travers le monde, en français, pour dire que le ministère de la Santé de République démocratique du Congo avait, «notifié à l'OMS et à ses partenaires qu'un cas d'Ebola avait été confirmé». Dans les minutes suivantes, l'OMS commençait à publier une série de tweets sur les détails de ce cas positif, et le directeur du département africain de l'organisation onusienne, Matshidiso Moeti, était envoyé dans la capitale congolaise, Kinshasa, avec une équipe d'experts de l'OMS. 

Autre élément encourageant, des discussions ont immédiatement été engagées concernant le petit stock de vaccins expérimentaux contre le virus Ebola et les possibles distributions de celui-ci au Congo. 

En comparaison de la lente réponse contre la maladie lors du début de l'épidémie en Guinée en 2014, cette réaction semble être plus rapide et plus efficace. Il y a un mois, un homme s'écroula dans l'hôpital du village reculé de Likati, dans la région du Bas-Uele en RDC, qui s'étend le long de la frontière avec la République Centrafricaine. C'est, hélas, normal que, dans les régions de forêt tropicale où s'élèvent des villages très pauvres, réaliser le diagnostic d'une maladie rare et notifier celui-ci aux autorités prenne du temps.

Un premier test 

Mais, une information préliminaire indique que lorsque le premier cas de ce virus était diagnostiqué, Kinshasa en fut informé, les tests en laboratoires étaient menés et le siège de l'OMS à Génève était mis au courant de la situation dans un délai de trois semaines. L'annonce du cas positif au virus Ebola par les Nations unies le 12 mai est ensuite intervenue le temps que l'OMS conduise ses propres analyses pour confirmer le diagnostic. Et si l'évaluation congolaise est exacte, l'épidémie sera limitée à une poignée de personnes. 

Maintenant, les compétences épidémiologiques de la nouvelle capacité de réponse de la communauté internationale vont subir un premier test, alors que les équipes sanitaires d'experts sont déjà sur le terrain pour retrouver tous les individus qui sont entrés en contact avec les trois victimes décédées des suites du virus Ebola. Si la chance et le bon sens sont de la partie, le nombre d'infections supplémentaires sera faible. Les mises en quarantaine et les vaccinations vont s'étendre et le monde pourra pousser un soupir de soulagement devant la mise en échec du très létal virus Ebola, mortel dans 90% des cas. 

Mais ne nous trompons pas. Ceci est seulement un test pour voir si nous sommes prêts.

                                    **************** 

Par Laurie Garret, analyste sur les questions sanitaires mondiales au Council on Foreign relations (CFR).  

Cet article a d'abord été publié en anglais sur le site de Foreign Policy, le 12 mai 2017. 

Traduction de Camille Belsoeur. 

Foreign Policy

Les articles signés Foreign Policy ont d'abord été publiés en anglais sur le site Foreign Policy, magazine en ligne américain de Slate Group, spécialisé dans les affaires étrangères et l'économie.

Ses derniers articles: Le retour d'Ebola au Congo est un test avant la prochaine grande épidémie  L'Afrique de l'Ouest sera encore sous la menace djihadiste en 2017  Plongée dans les rues de Bambari, symbole du chaos centrafricain 

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