mis à jour le
Soudan du Sud - Les camps du sexe ne désemplissent pas
Le marché du sexe a explosé dans la capitale du Soudan du Sud, Juba, faisant accroître considérablement les risques d’infections au virus du sida.
Depuis la création officielle du Soudan du Sud, le 9 juillet 2011, la capitale de ce 193e pays du monde se développe à vitesse grand V, dans le domaine du bâtiment et du commerce. Dans le même élan, les bordels se sont multipliés dans le quartier de Jebel Market, rapporte l’Irin, l’agence de presse de l’ONU. L’organisation locale de protection des enfants Confident Children out of Conflict (CCC) a répertorié entre 4.000 et 6.000 prostituées à Juba, seulement dans les quartiers où l'association travaille.
La plupart des femmes de ces «camps du sexe» sont des Ougandaises ou des Kenyanes qui ont traversé la frontière du Soudan du Sud de nouveau ouverte après plus de deux décennies de guerre civile. Attirées par le développement galopant de cette ville pour trouver du travail comme «serveuse ou femme de ménage», elles se sont retrouvées dans ces maisons closes dans des conditions sanitaires très dangereuses, notamment à cause des rapports sexuels non protégés.
L’une entre elles, une Ougandaise d’une trentaine d’années, témoigne:
«les clients te disent qu’ils te veulent, ensuite, ils t’emmènent dans une chambre, et quand tu leur demandes de mettre un préservatif, ils sortent un couteau ou te menace avec une arme».
De plus, le nombre croissant de femmes qui se prostituent a fait baissé les prix. Selon l’Ougandaise, le prix de la passe a chuté à 1,30 euros aujourd'hui. Par conséquent, les hommes restent plus longtemps dans ces bordels en passant d’une femme à l’autre. Ce qui augmente d’autant plus le risque de propagation des maladies.
Cette situation favorise en effet le développement très rapide de l’épidémie du sida à Juba. Parmi les personnes dépistées par l’ONG créée par l’Agence américaine pour le développement international (The Family Health Internation, FHI) dans quatre états du Soudan du Sud depuis le début de l’année 2011, près de 17.000 d'entre elles sont considérées «à risque», soit un taux de 8%. En 2009, ce taux pour tout le territoire du Soudan du Sud était de 3,1%.
Pour Mandisa Mashologo du programme de l’ONU pour le développement, «le budget du gouvernement pour la lutte contre le virus du sida est insuffisant». D’après l’ONG locale CCC, la pauvreté des femmes et des jeunes filles qui vivent dans les bordels de Juba les amènent souvent à préférer cette situation plutôt que vivre dans la rue et d’être, de toute façon, victimes d’agressions sexuelles.
Lu sur Irin
A lire aussi
Botswana - légalisez la prostitution!
Les grandes destinations du tourisme sexuel en Afrique
Juba danse sur un air d'indépendance
Lutte-t-on vraiment contre le sida en Afrique?