SlateAfrique

mis à jour le

Rwanda - La contraception passe par la vasectomie

Le Rwanda, pays le plus densément peuplé d'Afrique subsaharienne, fait tout son possible pour endiguer le taux de croissance démographique élevé qu'il connaît depuis quelques années. Le taux de fécondité y était, en 2011, de 4,81 enfants par femmes.

Dernière tentative en date des autorités rwandaises, proposée dans le cadre d'un vaste programme national de planning familial: la vasectomie sans scalpel, une intervention chirurgicale bénigne mais très efficace pour rendre les hommes stériles.

Depuis 2008, 2.100 rwandais ont adopté la vasectomie, rapporte Jeune Afrique.

«Cela prend environ 15 minutes et c'est sans douleur. Nous utilisons seulement une petite aiguille, sous anesthésie locale», explique Leonard Kagabo, l'un des médecins du programme.

Le Rwanda est le seul pays d'Afrique à prôner la vasectomie comme moyen de contraception, cette pratique étant souvent accusée de provoquer l'impuissance.

Un défi de taille pour le gouvernement rwandais qui a dû faire face à une première polémique. Un parti d'opposition a ainsi accusé le gouvernement «d'émasculer les pauvres», après la parution de plusieurs articles de presse affirmant que les autorités avaient déterminé un objectif chiffré du programme, en l'occurrence 700.000 vasectomies sur trois ans.

«Il n'y a pas d'objectif de 700.000 vasectomies et il n'y en aura jamais. Fixer de tels objectifs pour des solutions de planning familial de cette nature constituerait une violation des droits de l'Homme et serait contraire à l'éthique», a voulu rassurer Agnes Binagwaho, numéro 2 du ministère de la Santé.

L'opposition est aussi religieuse. Car le Pays des mille collines est majoritairement chrétien. Et les accusations d'infanticides ne sont jamais très loin. 

«Nous préférons favoriser les méthodes naturelles, et le sacrifice si c’est nécessaire: par exemple si vous devez renoncer à faire l’amour avec votre épouse parce qu’elle (…) risque d’avoir le 11e enfant...», explique le révérend Alphonse Rutaganda, directeur national de l’enseignement catholique à Jeune Afrique.

Des remarques qui ne sont pas du goût de tout le monde.

 «Si une femme prend la pilule chaque jour et que son mari la trompe, il peut avoir des enfants ailleurs. Mais avec l’opération, il n’y en aura pas d’autres, et c’est une charge en moins pour la famille!», s’agace Vestine, 36 ans, mère de 3 enfants.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la vasectomie est le moyen de contraception le plus sûr. Les experts rappellent toutefois que bien que les hommes ont besoin de renseignements sur ce procédé, intégrer cette campagne de promotion dans le contexte plus large de toutes les méthodes de contraception serait sans doute plus bénéfique.

«Le but n'est pas de promouvoir une méthode de contraception plutôt qu'une autre, mais de bien s'assurer que les clients éventuels de planification familiale soient mis au courant de tous les choix possibles», explique Mary Nell Wegner, directrice du programme Men as Partners, de l’Association pour la contraception chirurgicale volontaire (AVSC International) basée à New York.

D'autres pays d'Afrique ont lancé des campagnes de prévention aux solutions «chirurgicales», mais à des fins de lutte contre la propagation du VIH, comme le Swaziland.

Depuis que l'OMS a annoncé fin mars 2007 que la circoncision était un «un moyen supplémentaire de réduire le risque de transmission hétérosexuelle du virus HIV chez l'homme», le royaume au plus fort taux de prévalence du sida au monde (25,9% de sa population adulte est séropositive) voit depuis quatre ans de plus en plus d'hommes se faire circoncire.

Le Swaziland a même lancé une campagne massive fin février 2011, «pour circoncire 160.000 hommes âgés de 15 à 49 ans, plusieurs études ayant montré que l’excision du prépuce diminue de plus de 50% le risque de contamination par le virus VIH». 

«Si nous sommes capables d'atteindre cet objectif rapidement, l'impact sera plus important», explique Jennifer Albertini, directrice au Swaziland de l'Agence d'aide au développement américaine Usaid, qui finance à hauteur de 15 millions de dollars (10,7 millions d'euros) le programme.

Tous les leaders politiques du pays sont mobilisés derrière ce projet… Tous, sauf le roi du Swaziland, Mswati III, monarque aux treize épouses.

Lu sur Times Live, Romandie News, Jeune Afrique

 

A lire aussi

La démographie ne doit pas servir de prétexte au Nigéria

Ralonger ses lèvres vaginales pour plus de plaisir