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Egypte: Kamal al-Ganzouri nommé Premier ministre par l'armée au pouvoir

Kamal el-Ganzouri, un ancien chef du gouvernement égyptien, a été désigné comme nouveau Premier ministre par l'armée au pouvoir, a indiqué vendredi la télévision d'Etat..
M. Ganzouri, 78 ans, a été de 1996 à 1999, Premier ministre sous Hosni Moubarak, chassé le 11 février par une révolte populaire. Il remplace Essam Charaf, qui a démissionné avec le reste du gouvernement en raison de la grave crise que traverse l'Egypte actuellement.
Le grand imam d'Al-Azhar, principale institution musulmane d'Egypte, a affirmé soutenir les dizaines de milliers de manifestants à Tahrir pour réclamer la chute du conseil militaire au pouvoir, selon son représentant présent sur cette place du centre du Caire.
"Le grand imam vous soutient et prie pour votre victoire", a déclaré Hassan Chafie dans une allocution vendredi devant les manifestants place Tahrir.
Par ailleurs, Mohamed ElBaradei, ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui affiche ses ambitions pour la présidence de l'Egypte, s'est joint à des dizaines de milliers de manifestants qui participaient à la prière musulmane hebdomadaire sur la place.
Dès le sermon fini des dizaines de personnes autour de lui ont crié "le peuple veut le départ du maréchal", en référence au maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute en février du président Hosni Moubarak.
L'imam conduisant la prière sur la place a réclamé dans son sermon le transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement de "salut national" et a prévenu que les manifestants ne quitteraient Tahrir "qu'une fois leurs revendications satisfaites".
"Il n'y a d'autre option qu'un gouvernement de salut national avec les pouvoirs d'un président", a déclaré l'imam Mazhar Chahine.
Les manifestants qui réclament le transfert immédiat du pouvoir aux civils ont entamé vendredi matin un rassemblement dit de "la dernière chance" réclamant une fois de plus le départ immédiat du pouvoir militaire.
Dans le même temps, la Maison Blanche a exhorté à un retour rapide à une gouvernance civile en Egypte, où de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait 41 morts au cours des derniers jours.
Des milliers d'Egyptiens se rassemblaient vendredi sur la place Tahrir au Caire pour une manifestation dite de "la dernière chance" réclamant une fois de plus le départ immédiat du pouvoir militaire
Dans le même temps, la Maison Blanche a exhorté à un retour rapide à une gouvernance civile en Egypte, où de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait 41 morts au cours des derniers jours.
"Nous croyons, et cela est très important, que le transfert complet de pouvoir à un gouvernement civil doit avoir lieu de manière juste et sans exclusive, qui réponde aux aspirations légitimes du peuple égyptien, dès que possible", a indiqué Jay Carney, porte-parole de la Maison Blanche, dans un communiqué.
Après une semaine d'occupation de la place Tahrir par des dizaines de milliers de manifestants, le quotidien gouvernemental Al-Ahram titrait en une "Le vendredi de la dernière chance... la stabilité ou le chaos".
A trois jours des premières élections législatives depuis la chute le 11 février du président Hosni Moubarak, un autre quotidien gouvernemental, Al-Akhbar, affirmait qu'il s'agissait du "vendredi du tournant" dans un pays où le gouvernement, démissionnaire depuis lundi, n'a toujours pas été remplacé.
Jeudi soir le nom de Kamal el-Ganzouri, ancien Premier ministre sous Moubarak, a toutefois été avancé par plusieurs télévisions privées, mais cette nomination n'a pas été officiellement confirmée et selon d'autres médias, les consultations se poursuivaient.
Sur leur page Facebook, plusieurs mouvements pro-démocratie ont de leur côté proposé une liste de noms pour la constitution d'un gouvernement de salut national.
Ils font notamment mention de Mohamed ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui vise la présidence, ainsi qu'Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe et lui aussi potentiel président.
Un autre groupe pro-démocratie, celui des jeunes du 6-Avril, a estimé que le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis le 11 février "a prouvé que la mission (de gouverner) était trop lourde à assumer pour lui", et rappelé que "c'est la place Tahrir qui a renversé le plus grand tyran du Moyen-Orient".
L'armée a toutefois écarté une nouvelle fois l'hypothèse d'un départ immédiat du pouvoir, des hauts responsables militaires assurant que cela reviendrait à "trahir le peuple".
"Le peuple nous a confié une mission et si nous y renonçons maintenant cela voudrait dire que nous trahissons le peuple", a déclaré jeudi le général Moukhtar el-Moullah.
L'armée a annoncé mardi une présidentielle avant la fin juin 2012, par laquelle elle doit remettre le pouvoir exécutif à un chef d'Etat élu.
Les militaires ont également confirmé que les élections législatives se tiendraient bien à partir de lundi, malgré les craintes qu'elles ne soient affectées par la crise actuelle, la plus grave à laquelle l'armée fait face depuis février.
Des affrontements ont été signalés au cours des derniers jours notamment dans les villes de Port-Saïd (nord), Suez, Qena (centre), Assiout, Assouan (sud) et à Marsa Matrouh (ouest).
Outre le retour à une gouvernance civile, les manifestants ont également placé ce vendredi sous le slogan "le droit des martyrs", pour exiger la poursuite des responsables de la mort de 41 personnes décédées lors des heurts en marge des rassemblements à travers le pays, dont 36 au Caire.
Une autre manifestation, en soutien au conseil militaire, est elle aussi prévue vendredi au Caire, dans un autre quartier de la capitale.
Au lendemain de l'accord jeudi entre manifestants et forces de l'ordre pour faire cesser les violences à Tahrir, le calme régnait vendredi sur la place.
La police a muré la rue Mohamed Mahmoud, menant au ministère de l'Intérieur et théâtre des heurts les plus violents, a constaté un journaliste de l'AFP.
Plusieurs figures politiques devraient faire le déplacement et participer au rassemblement place Tahrir, notamment M. ElBaradei.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a déconseillé aux médias internationaux d'envoyer en Egypte des femmes journalistes, après une série d'agressions sexuelles.
Une journaliste de la chaîne France 3 a déclaré avoir été violemment frappée et victime d'une agression sexuelle de la part d'hommes en civil jeudi au Caire, après qu'une journaliste égypto-américaine a fait état de violences sexuelles de la part de policiers.