SlateAfrique

mis à jour le

Les «ultras» du Caire au secours des révolutionnaires

«O gouvernement, prends garde! Nous sommes en colère ce soir! Le peuple égyptien va mettre le feu! Que dieu nous apporte la victoire», chantent les supporters du Al-Ahly, l’un des clubs de football du Caire. Mais cette fois-ci, ils ne sont pas dans le stade. Les «ultras» d’Ahly ont investi la place Tahrir pour aider les manifestants à affronter la police, comme ils l’avaient fait en janvier dernier.

La place Tahrir est à nouveau le théâtre de répressions sanglantes des manifestants qui réclament le retrait de l’armée égyptienne dirigée par le maréchal Hussein Tantaoui du processus de rédaction de la nouvelle Constitution. Depuis le 18 novembre, des dizaines de milliers de manifestants foulent cette place de la «liberté», neuf mois après la contestation qui avait conduit à la chute du dictateur Hosni Moubarak, le 11 février dernier. Le bilan s’alourdit chaque jour. Déjà 35 morts sous les coups de matraques et de gaz lacrymogènes des forces de l’ordre.

C’est en réaction à cette escalade de la violence que les supporters cairotes ont décidé d’intervenir. L’un des membres fondateurs de ses ultras du Ahly, Abou Ali, explique leur démarche sur France24:

«Cette fois, nous n’avons pas participé tout de suite. Nous n’étions pas là lorsque les familles des blessés de la révolution se sont installées sur la place, mardi dernier [le 15 novembre]. C’est l’intervention de la police vendredi [18 novembre] qui nous a décidé à rejoindre la contestation. Car la violence exercée par les forces de sécurité nous est intolérable. Pour l’avoir expérimentée, nous y sommes particulièrement allergiques», explique-t-il.

Les supporters ultras sont des habitués des confrontations avec la police, lors des matchs de championnats, mais aussi lors des matchs internationaux de football. On se rappelle des affrontements violents qui avaient suivi la défaite de l’équipe d’Egypte contre celle d’Algérie pour les qualifications à la Coupe de monde de football 2010, en novembre 2009. A l’époque, la foule avait investi cette même place Tahrir.

Ces derniers jours, les ultras ont donc partagé leur «savoir-faire» avec les manifestants:

«Nous nous organisons par mail et par téléphone. Une fois sur le terrain, il n’y a pas de stratégie particulière, nous affrontons les policiers comme nous avons l’habitude de le faire dans les stades. Mais notre expérience fait que nous prenons certaines précautions qui nous permettent de tenir plus longtemps. Par exemple, avant d’arriver, nous nous aspergeons le visage de vinaigre ou d’eau gazeuse. Cela atténue les effets des bombes lacrymogènes», raconte Abou Ali.

Les manifestants ont repris en cœur le chant des supporters du Ahly, modifié pour l'occasion, à la gloire du peuple égyptien; comme cette vidéo postée le 20 novembre en témoigne:

Lu sur France 24

A lire aussi

Quand la guerre du foot annonçait la révolution

Le règne de la brutalité policière s'installe au Caire

L'armée a-t-elle trahi la révolution

Oakland-Le Caire: «un seul et même poing»