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Emmanuel Macron embrasse le ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra, le 13 février 2017 à Alger. RYAD KRAMDI/AFP
Emmanuel Macron embrasse le ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra, le 13 février 2017 à Alger. RYAD KRAMDI/AFP

Le «pèlerinage d'Alger» d'Emmanuel Macron

L'ex-ministre de l'Economie et candidat à l'élection présidentielle française est en Algérie pour un voyage de deux jours.

Le leader du parti En Marche!, Emmanuel Macron, est en déplacement en Algérie les 13 et 14 février. Candidat à l'élection présidentielle française, l'ex-ministre de l'Economie vient façonner sa stature internationale dans un pays qui nourrit des liens à la fois étroits et complexes avec l'ancienne puissance coloniale. Une histoire commune houleuse que Macron avait abordé sans trop de nuances au mois de novembre et qui avait fait grogner sur la rive sud de la Méditerranée. 

«Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie», avait déclaré l’ancien ministre de l’Économie au magazine français Le Point.

Emmanuel Macron, qui voit ses chances de figurer au second tour de l'élection présidentielle croître selon des sondages récents, a fait preuve de plus de prudence dans ses propos à l'aune de sa venue à Alger. 

«Je viens ici parce que je pense que les relations entre la France et l’Algérie reposent sur une histoire complexe, riche, douloureuse souvent, et d’une importance fondamentale (...) Pour la France, l’Algérie est une priorité. Le dialogue avec les Algériens est essentiel. L’histoire qui nous lie est ancienne et elle a forgé nos deux pays. Je souhaite que nous entrions dans une nouvelle phase de notre histoire et je veux placer nos relations dans un avenir partagé, riche des liens tissés entre nos deux peuples», a t-il déclaré dans une interview accordée au journal El Watan

Le «pèlerinage d'Alger»

La venue du candidat d'En Marche! ne fait cependant pas l'approbation de tous en Algérie. 

«Il sera reçu au nom d’un président régnant à vie et qui a brillamment conduit un pays à la faillite après l’avoir réduit au silence, il discutera avec le Premier ministre d’un pouvoir reconnu comme l’un des plus corrompus au monde et qui s’impose aux Algériens par la trique, les procédés classiques de la fraude électorale et le bâillonnement des voix contestataires (...)

Le diktat auquel sont soumis des millions d’Algériens n’est pas la préoccupation de Messieurs Montebourg, Macron, Hollande, Juppé ni de toutes ces personnalités françaises qui ont sacrifié au “pèlerinage d’Alger” dans une consternante impassibilité, sans un mot, un regard pour les millions d’Algériens (...) En revenant d’Alger, M. Macron aura laissé un peu de sa réputation en contrepartie de je ne sais quelle vétille hypothétique attendue du pouvoir d’Alger», écrit l'éditorialiste et opposant de longue date du régime Mohamed Benchicou dans Le Matin

Le dessinateur Dilem brosse lui aussi un portrait sévère de la visite d'Emmanuel Macron, en faisant dire à un Bouteflika en chaise roulante: «Pas question de recevoir quelqu'un dont le mouvement s'appelle "En Marche"»

«Je veux apporter un regard neuf»

Le candidat à l'élection présidentielle a plaidé, dans une tribune publiée sur le site d'information TSA, pour un renforcement de la coopération entre la France l'Algérie dans les domaines de l'éducation, la recherche, le développement durable et de l'industrie. Concernant les études supérieures, Macron milite notamment pour des échanges universitaires plus intenses entre les deux pays. 

Plus généralement, il mettait en avant dans les colonnes d'El Watan son principal argument dans la campagne présidentielle française: sa jeunesse et le renouvellement politique qu'il incarne, selon lui. 

«Je suis d’une génération qui n’a pas connu la Guerre d’Algérie, je veux apporter un regard neuf sur l’Algérie et un rapport nouveau avec l’Algérie», a t-il déclaré au journal algérien. 

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique. 

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