SlateAfrique

mis à jour le

«L'oeil de Bamako» qui fait tourner les têtes

Il a commencé sa carrière en photographiant la jeunesse bamakoise de l'indépendance. Aujourd'hui, c'est l'une des figures emblématiques de la photographie malienne. Malick Sidibé, né en 1936 à Soloba (à environ 300 km de Bamako), s'expose à Paris au Musée des arts derniers. Sa présence lors de la 15e édition de Paris Photo, au Grand Palais, a enflammé les esprits, comme en témoigne avec émotion et ironie le chroniqueur du blog Africamix du Monde.

Au Musée des arts derniers, ce sont plus de 50 photographies retraçant le parcours de Malick Sidibé, entremêlé à celui du Mali des années 1963 à nos jours, qui y sont exposées jusqu'au 10 décembre 2011. Un Mali indépendant —depuis 1960— dans lequel vit une jeunesse dynamique, emplie d'espoir pour les lendemains qui s'annoncent prometteurs. Malick Sidibé s'est attaché à laisser une trace de ces années joyeuses en saisissant des instants de vie: soirées, surprises parties, noces, clubs où les jeunes se retrouvent faire la fête, le photographe malien a l'oeil aiguisé et rien ne lui échappe.

En 1962, il ouvre son studio photo dans le quartier populaire de Bagadadji de Bamako: «Studio Malick». Il y voit passer une clientèle populaire, jeune, et tous se bousculent pour venir se faire photographier à toute heure du jour comme de nuit. Le portrait réalisé en studio devient la particularité du photographe. Il est ensuite connu pour ses portraits de femmes de dos, synonyme pour lui de sensualité, d'érotisme, mais tout en pudeur.

Il se fait remarquer lors des premières rencontres de la Photographie africaine de Bamako en 1994: c'est le début de sa carrière internationale. Il s'expose pour la première fois à Paris à la Fondation Cartier, puis au musée Guggenheim de New York, à la National Portrait Gallery de Londres. En 2003, il reçoit le prix Hasselblad remis par la fondation suédoise du même nom, et devient ainsi le premier Africain promu au rang des plus grands photographes internationaux. En 2007, il reçoit le Lion d'or de la Biennale de Venise, une consécration.

Malgré son âge, —officiellement 75 ans—, Malick Sidibé semble encore avoir des projets plein la tête. Comme il le confiait en 2003 au site internet Afrik.com, il voudrait continuer ses photos de femmes vues de dos, une façon pour lui de magnifier les pagnes africains.

«'En Europe, les femmes sont toutes serrées dans leurs pantalons et dans leurs jeans. Leurs formes ne sont absolument pas mises en valeur. C’est une évolution', remarque-t-il même s’il ne semble pas vraiment l’apprécier. Il n’apprécie pas également les appareils numériques. 'On peut faire du faux et cela m’inquiète beaucoup'.»

Alors que la neuvième biennale des Rencontres de Bamako a ouvert ses portes le 1er novembre dernier, un regard sur le «Vieux» (terme qui, comme le rappelle Africamix, s'emploie en signe de grand respect pour s'adresser à un chef de famille en Afrique sub-saharienne) s'invite à temps pour rappeler qu'il a été l'un des pionniers de la photographie malienne.

L'exposition «L'oeil de Bamako, Malick Sidibé» au Musée des arts derniers, Paris, se tient du 11 novembre au 10 décembre 2011.

Lu sur Africamix

A lire aussi

Bamako en mouvement, au centre de la photo

Renaissance de la photo africaine