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Il aura fallu plusieurs semaines de négociations, entre pressions et promesses, pour convaincre Yahya Jammeh de quitter le pouvoir en Gambie après 22 ans de règne. Battu par son rival Adama Barrow lors de l'élection présidentielle du 1er décembre 2016, le président gambien avait d'abord accepté sa défaite avant de changer d'avis dans un volte-face dont il a le secret et fait craindre une guerre civile à ce petit Etat d'Afrique de l'Ouest.
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Mais des négociations menées par plusieurs dirigeants africains de la région avec le soutien des instances de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeo) ont finalement convaincu Yahya Jammeh de ne pas s'accrocher au pouvoir, alors que l'investiture d'Adama Barrow a eu lieu à Dakar le 19 janvier sous l'oeil vigilant du Sénégal. Car c'est le grand voisin, dont le territoire enclave complètement la Gambie, qui a finalement contraint Jammeh à renoncer.
Comme nous le racontions sur Slate.fr, les troupes sénégalaises ont en effet mis l'autocrate au pied du mur en se massant le long de ses frontières à partir du 19 janvier. Sachant le rapport de force trop inégal, les troupes gambiennes n'étaient pas prêtes à se battre pour un chef d'Etat qu'elles ne portaient pas dans leur coeur.
Mais dans son départ, Yahya Jammeh n'a pas oublié de jouer un dernier mauvais tour, après des années de répression politique, à son pays. Comme le rapporte le média britannique The Guardian, «Jammeh a volé des millions de dollars dans les dernières semaines de son règne, en pillant les coffres de l'Etat et en expédiant des véhicules de luxe hors du pays par avion-cargo», selon les confidences de Mai Ahmad Fatty, le conseiller spécial du nouveau président Adama Barrow.
La somme dérobée par Jammeh et sa famille est estimée à 11,4 millions de dollars. «La Gambie est en détresse financière. Les coffres sont virtuellement vides. C'est un constat. Ces informations ont été confirmées par des employés du ministère des Finances et de la Banque centrale de Gambie», ajoute Mai Ahmad Fatty.
L'avion-cargo avec à son bord des biens de luxe a décollé quelques heures avant l'abdiction de Jammeh. L'ex-dictateur s'est pour le moment réfugié en Guinée-équatoriale, un Etat autoritaire dirigé d'une main de fer par la famille Obiang.