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Boko Haram financé par des politiciens nigérians?

Les services secrets nigérians (State Security Service ou SSS) ont révélé que le groupe terroriste islamiste Boko Haram (littéralement: «l’éducation occidentale est un péché») qui sévit au Nigeria recevrait des financements de certains politiciens de l’Etat de Borno situé au nord-est de la Fédération nigériane.

Le nord du Nigeria est dominé par l’islam, tandis que le sud du pays est majoritairement chrétien. Un certain nombre de dirigeants musulmans n’acceptent pas que le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique et ses 160 millions d’habitants soit dirigé par un chrétien, Goodluck Jonathan. L’ancien vice-président, qui a accédé au pouvoir suprême du fait de la maladie du président Yar Adua, a remporté la présidentielle d’avril 2011. Des dirigeants politiques du nord du Nigeria estiment qu’après les deux mandats consécutifs du chrétien baptiste Olusegun Obasanjo (de 1997 à 2007), la Fédération devait être dirigée par un nordiste musulman.

L'information sur les financements de Boko Haram par des politiciens fait l’effet d’une bombe au Nigeria et confirme de nombreux soupçons. Elle proviendrait du porte-parole présumé de la secte arrêté par la SSS (State Security Service) le 3 novembre dernier, Ali Sanda Umar Konduga. Un militant islamiste qui a l’habitude de se présenter aux médias sous le nom d’Usman al-Zawahiri.

«Son arrestation confirme les informations des renseignements selon laquelle des extrémistes de Boko Haram ont reçu le soutien financier d’hommes politiques», a déclaré la porte-parole du SSS Marilyn Ogar.

Depuis la création en 2002 de Boko Haram, ces islamistes ont perpétré de nombreux attentats meurtriers contre les autorités nigérianes. Mais ils se sont surtout radicalisés depuis la mort de leur chef Mohammed Yusuf en 2009, quand l’armée nigériane a maté la rébellion islamiste dans le nord du pays. Les derniers faits d’armes revendiqués par le groupe: un attentat à la bombe et une attaque à main armée à Damaturu, une grande ville du nord-est du pays, le 5 novembre dernier. Ces attaques qui visaient des églises et les quartiers généraux de la police de l’état de Yobe, ont tué au moins 63 personnes.

Boko Haram s’est également attaqué au quartier général de l’ONU à Abuja (la capitale fédérale). Un attentat suicide qui a tué 24 personnes en août 2011. Les liens hypothétiques du groupe terroriste avec al-Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi) inquiètent beaucoup les autorités nigérianes et la communauté internationale.

Lu sur BBC

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