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Issiaka Ouattara, porte-parole des mutins, le 7 janvier à Bouaké. Sia KAMBOU / AFP
Issiaka Ouattara, porte-parole des mutins, le 7 janvier à Bouaké. Sia KAMBOU / AFP

Derrière les mutineries en Côte d'Ivoire, un bras de fer politique?

Des mutineries ont eu lieu dans plusieurs casernes ivoiriennes les 6 et 7 janvier. Le président Ouattara a annoncé avoir trouvé un accord avec les militaires.

Un grand frisson a secoué la Côte d'Ivoire pendant deux jours. C'est d'abord la ville de Bouaké, la deuxième du pays, qui s'est réveillée inquiète. Vendredi 6 janvier, des soldats y sont sortis de leur caserne et ont commencé à tirer des coups de feu en l'air et à bloquer les grands axes de circulation. Puis, le mouvement s'est étendu à l'échelle nationale, avec des mutineries du même genre dans de nombreuses localités du centre, du nord et de l'ouest du pays, principalement dans les anciens fiefs des ex-forces rebelles de Forces nouvelles, qui avaient soutenu le président Alassane Ouattara lors de la grave crise de 2011. 

Samedi 7 janvier, c'est la population d'Abidjan, la capitale économique, qui a entendu des coups de feu. Les troupes de la caserne d'Akouédo ont en effet suivi le mouvement en bloquant les axes routiers et en tirant des balles dans le ciel.

«Nous vaquons à nos occupations, sans trop aller loin de la maison. On voit les forces de l’ordre en patrouille pour nous rassurer, mais en Côte d’Ivoire, nous savons que tout peut aller vite. On reste donc prudents», a confié, Aline Bilé, une étudiante, à l'AFP

Des revendications financières

Les revendications des mutins étaient d'ordre financières. Lors d’une intervention télévisée le 7 janvier, le président Alassane Ouattara a déclaré:

«Des soldats ont manifesté (...) pour des primes et l'amélioration de leurs conditions de vie». 

Sur son compte Twitter, la présidence ivoirienne a ensuite annoncé dimanche 8 janvier qu'un accord avait été trouvé avec les leaders de la mutinerie, en indiquant qu'«après les évènements regrettables de ces derniers jours, la situation est rentrée dans l'ordre et chacun peut vaquer à ses occupations»

Mais, derrière l'agitation de l'armée, il semble également se cacher des enjeux politiques. 

Les troubles de cette semaine interviennent alors que le président doit annoncer ce début janvier la nomination d’un vice-président, un poste nouveau en Côte d'Ivoire qui a été créé lors de la réforme constitutionnelle. Le vice-président sera le numéro deux dans la hiérarchie politique, derrière le président, rôle qui était auparavant dévolu au président de l'Assemblée nationale. 

«Une des questions est de savoir s’il y a une manipulation politique. Est-ce que d’anciens chefs de guerre sont derrière ça?», s’est interrogé un observateur politique auprès de l'AFP.

L'ombre de Guillaume Soro

Alors que la mutinerie n'était pas encore achevée, Guillaume Soro, ancien leader des rebelles de Force nouvelles, et président de l'Assemblée nationale, a déclaré sur son compte Twitter être candidat à un nouveau mandat à ce poste. 

Une déclaration qui jette le trouble sur un éventuel jeu politique en coulisses de la part de l'actuel numéro deux du régime ivoirien. 

«Depuis de nombreux mois, une partie de l’entourage de Ouattara, dont il a été le Premier ministre, cherche à le fragiliser. Il garde cependant une forte influence sur la majorité des ex-chefs rebelles», analyse le site d'information Médiapart

Les mutins, eux, nient tout bras de fer politique. Le président Ouattara, «est notre père spirituel, c’est une affaire de famille. On peut équiper l’armée mais si les hommes qui sont à la tâche ne sont pas motivés, ça ne servira à rien», a témoigné l’un des mutins au magazine Jeune Afrique

Slate Afrique

La rédaction de Slate Afrique.

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