mis à jour le
Le règne de la brutalité policière s'installe au Caire
Plus d’une vingtaine de manifestants morts à une semaine des élections législatives en Egypte du 28 novembre. Ces images de mobilisation et de répression nous rappellent les 18 jours de contestation qui ont conduit au départ d’Hosni Moubarak le 11 février dernier. Sauf que le bilan devrait s’alourdir dans les heures à venir car le face-à-face entre les manifestants et les forces de sécurité se poursuit au Caire, selon la correspondante d’Al-Jazeera.
Vendredi 18 novembre, une dizaine de milliers de manifestants s’étaient réunis sur la place Tahrir et n’avaient qu’une exigence: que l’armée égyptienne n’interfère pas dans la rédaction de la Constitution, comme cela a été amorcé via le document émis par le cabinet du Premier ministre adjoint, Ali al-Salimi, qui présentait une liste de 22 principes supra-constitutionnels garantissant un pouvoir de taille au Conseil suprême des forces armées.
Le lendemain, les forces de police attaquent les manifestants qui étaient restés sur la place Tahrir et brûlent leurs tentes. Les manifestants échaudés par l’attaque des forces de police, descendent dans la rue. Très vite, la violence prend un degré supplémentaire entre les manifestants et les forces de police, usant de balles réelles et de gaz lacrymogènes. Le bilan est lourd avec au moins 22 morts et plus de 1.000 blessés, en moins de 48 heures. Comme aux heures les plus dures de la révolution, des hôpitaux de fortune se sont montés pour accueillir les blessés, touchés par balle ou asphyxiés. Sur une vidéo (ci-dessous) diffusée sur le site du quotidien égyptien Al Ahram Online, on peut voir un homme à terre au milieu des débris. Les forces de police le tirent par le bras et l'abandonnent sur le côté, pendant que d'autres manifestants crient «Allahu Akbar Allahu Akbar.»
Outre les activistes et les Egyptiens critiques à l’égard de l’armée depuis plusieurs mois, d’autres jeunes sont venus grossir les rangs des manifestants. Certains auraient même été payés pour semer le désordre à des fins politiques comme le report des élections. Mais encore une fois, une version difficile à prouver.
Les manifestants présents aujourd’hui dans les rues du Caire sont avant tout des jeunes, opposés à un régime militaire vieux de 60 ans, raconte la correspondante de Radio France au Caire. Au troisième jour de manifestation, les heurts ne faiblissent pas au Caire mais également dans d’autres villes comme Alexandrie, Assiout, Suez…
Cet embrasement menace nécessairement les élections qui arrivent à grand pas et soulève la question de leur maintien.
Vu sur Al-Jazeera et Al AhramOnline
A lire aussi
Les gaz lacrymo sont lancés, rien ne va plus!
Les élections peuvent-elles encore avoir lieu?