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Afrique du Sud - Quand la nation arc-en-ciel s'habille en noir

Pour protester contre la censure, portez du noir! C’est le message des représentants de la presse sud-africaine pour appeler à la mobilisation contre la loi sur la protection de l’information, le 23 novembre, au moment où elle sera soumise au vote de l’Assemblée nationale. Un texte jugé liberticide:

«Nous appelons tous les Sud-africains à porter du noir ce mercredi, en signe de protestation. (…)Disons au gouvernement que nous sommes tous opposés à la censure. Il y a urgence. La nation doit s’unir pour arrêter cette absurdité», a déclaré Yusuf Abramjee, le président du Club National de la Presse (NPC).

Ce projet de loi, plus connu sous le nom de «Secrecy Bill», restreint la publication des documents secrets. Elle prévoit aussi jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour les personnes dévoilant des secrets d’Etat. Tous les journalistes d’investigation qui révèlent des affaires et leurs sources pourraient donc se retrouver devant les tribunaux.

Pour le président du NPC, ce «Mercredi noir» fera écho à celui du 19 octobre 1977, quand le gouvernement de l’apartheid a interdit deux journaux et plus d’une douzaines d’organisations politiques:

«Il est vraiment triste que dans une Afrique du Sud démocratique, nous revenions à des lois sur les documents secrets, qui sont à mon sens, anticonstitutionnelle. Nous appelons le gouvernement à assurer qu’ à ce stade avancée du processus, il portera des modifications à cette loi, dont une clause sur la défense de l’intérêt public [qui assouplirait donc la loi]», a-t-il déclaré à la South African Broadcasting Corporation (SABC).

Le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, a déclaré le 20 novembre que ceux qui sont inquiets de cette loi pouvait toujours soumettre leurs propositions avant que le texte soit présenté à l’Assemblée, puis au Conseil national des Provinces, la dernière étape avant la promulgation de la loi par le président. Mais selon le média sud-africain The New Age, le ministre de la Sécurité d’Etat, Siyabonga Cwele, a d’ores-et-déjà indiqué que le texte n’incluera pas de «clause de défense de l’intérêt public».

Les organisations de la société civile se sont jointes à l’appel du NPC pour défendre la liberté d’information, à l’image de la Fondation Nelson Mandela qui affirme que cette loi controversée «représente une érosion sans justification du droit à l’information en Afrique du Sud».

Lu sur The New Age, SABC, Nelson Mandela Foundation

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