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La COP22 de Marrakech aura surtout été bénéfique au tourisme marocain
Le sommet sur le climat organisé dans la ville marocaine à déboucher sur peu d'avancées concrètes.
Un peu plus de 70 chefs d’État, 60 000 participants, des centaines d’évènements pour mobiliser contre les changements climatiques… La COP22, qui a pris fin tard dans la nuit du 18 novembre 2016 à Marrakech, restera dans la mémoire des Marocains comme un événement majeur, l’un des plus importants jamais organisé dans le pays. Il s’est déroulé sans incidents ni mauvaises surprises opérationnelles ou logistiques. La Proclamation de Marrakech qui vise à perpétuer l’élan impulsé au niveau mondial par la COP21 de Paris (2015) constitue l’un de ses principaux aboutissements.
Mais si le comité de pilotage de la COP22 a bien atteint plusieurs des objectifs fixés en amont de la conférence, le plus important reste à faire et nombre de décisions ont été renvoyées à la COP24 qu’organisera la Pologne en 2018.
Pas de feuille de route concrète
Certes, la COP22 a réussi à mobiliser un grand nombre de pays en vue de ratifier, accepter, approuver ou adhérer (selon les cas) l’Accord de Paris pour limiter les émissions de gaz à effet de serre avant même la tenue du sommet de Marrakech. Elle a en outre réussi à consolider la mobilisation des acteurs non étatiques et des gouvernements dans le cadre de l’Agenda global d’action pour le climat.
Cependant, même si parler d’échec serait excessif, Marrakech n’aura pas pu convenir d’une feuille de route concrète pour le financement des projets d’adaptation aux effets des changements climatiques, notamment en Afrique et dans les pays du Sud.
Avec une COP organisée sur le sol africain, il apparaissait urgent de rendre justice à ce continent, particulièrement affecté par le réchauffement climatique. François Hollande rappela d’ailleurs à la tribune de la COP22 que 36 des 50 pays les plus meurtris par le réchauffement se trouvent en effet en Afrique subsaharienne.
Dans son discours de cérémonie d’ouverture, Ségolène Royal, la présidente de la COP21, a ainsi souligné que la justice climatique demeurait l’un des grands défis de la gouvernance climatique mondiale. Une justice climatique qui dépend de la délicate problématique du financement des pays du Nord vers ceux du Sud.
Dans ce cadre, les discussions auront notamment porté sur le modèle à adopter pour la « finance climat » et la répartition des fonds entre les programmes d’atténuation et d’adaptation au changement climatique… mais sans que ces échanges débouchent sur de véritables avancées pour déterminer la part à attribuer aux programmes d’adaptation en faveur des pays en voie de développement. Un échec donc, même si l’objectif de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour financer ces différents programmes se trouve confirmé dans la Proclamation de Marrakech.
Il faut néanmoins saluer les différentes initiatives qui ont émergé lors de la conférence, notamment celle nommée AAA (ou Triple A), qui vise à réduire la vulnérabilité de l’Afrique et de son agriculture aux changements climatiques.
Une vraie relance pour le tourisme
La COP22 aura offert à la ville ocre l’opportunité de booster son activité touristique. Programmée pendant la période creuse du mois de novembre, le résultat fut à la hauteur des attentes avec un « Marrakech affichant complet »..
Notons surtout que ce tourisme « MICE » (pour Meetings, incentives, conferencing, exhibitions) aura contribué à faire des congressistes de potentiels futurs touristes pour le Maroc.
La promotion des destinations durables proposées par les acteurs du secteur du tourisme marocain a d’autre part rencontré un vif succès, le Royaume chérifien se positionnant là sur un créneau difficile, mais porteur et innovant. Une charte africaine du tourisme durable et responsable a été signée le 10 novembre en marge de la COP22 par une vingtaine d’États africains, ce qui constitue une première pour le continent.
Rendez-vous à Bonn
La prochaine COP sera organisée par les îles Fidji… dans la ville allemande Bonn, raisons logistiques obligent. Ce sera la première fois qu’un petit État insulaire organise l’événement. On le sait, ces pays figurent parmi les plus touchés par les conséquences du changement climatique avec la hausse du niveau des océans. Frank Bainimarama, le premier ministre fidjien, n’a pas manqué de le rappeler à Marrakech :
«[En tant que] petit État insulaire du Pacifique, nous avons besoin de montrer au monde les problèmes que nous traversons.»
Espérons que d’ici là, les engagements de la COP22 auront été tenus et que les questions qui restent en suspend – le financement Nord/Sud en premier lieu – auront été courageusement abordées et traitées.
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Par Larbi Safaa, Phd, enseignant-chercheur, responsable de la filière « Gestion des organisations et des destinations touristiques », École supérieure de technologie d’Essaouira, Université Cadi Ayyad et Khalid Elhousni, Phd, enseignant-chercheur, École supérieure de technologie d’Essaouira, Université Cadi Ayyad
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.