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Au Kenya, les cultivateurs de café sont la cible de groupes mafieux
La forte hausse du prix du café dans le pays attire les voleurs.
Depuis le début de l'année 2016, 30 tonnes de café ont disparu des greniers des producteurs au Kenya. Une perte évaluée à plusieurs centaines de milliers de dollars par les autorités. Et ce ne sont pas des rongeurs où les conditions météo qui font disparaître ces tonnes d'arabica, mais bien des gangs mafieux qui profitent du cours à la hausse du prix des graines de café kényan, comme le rapporte le média britannique The Guardian.
Le Kenya est le troisième exportateur mondial de café arabica, le plus apprécié des consommateurs. Le climat luxuriant du Mont Kenya et les sols volcaniques de la région assurent aux graines cultivées une forte acidité et un goût fruité très recherché. Mais depuis 2011, la production locale a chuté de 16%, selon le Bureau kényan des statistiques. La faute aux agriculteurs qui vendent leurs terrains à des promoteurs immobiliers ou à des mono-producteurs cultivant des denrées plus rentables. En 2016, les mauvaises conditions météo ont empiré la situation. Résultat, du fait de sa rareté, le prix du café kényan gonfle, ce qui attire les voleurs.
Un système injuste
Selon Esther Murugi Mathenge, un parlementaire de la région de Nyeri, celle où a lieu le plus de vols, les criminels sont en réalité des «cartels organisés», selon les mots qu'il a confié à The Guardian. Et ces bandes mafieuses ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins. Début septembre 2016, le quotidien kényan The Standard rapportait le meurtre d'un membre de l'équipe de sécurité d'une ferme par des voleurs. Un cultivateur de la région racontait au journal local comment devant la valeur du café les voleurs n'hésitaient plus à tuer pour dérober des stocks.
Les petits cultivateurs, qui représentent 75% des 600.000 producteurs kényans, pointent également la législation qui joue contre eux. Contrairement aux acheteurs, ils n'ont pas le droit d'exporter leur café ni même de moudre leurs graines. «Je suis sûr que quelques acheteurs de café sont derrière ces incidents après que des fermiers aient rejeté leurs offres», confie un cultivateur à The Standard.
La solution des coopératives
Il faut apporter une garantie bancaire d'environ un million de dollars pour obtenir le droit d'être un marchand de café au Kenya. «Nous faisons tout le travail mais nous n'en avons pas le contrôle», témoignent des agriculteurs à The Guardian.
L'une des solutions est la formation de coopératives qui permettent à des cultivateurs de mettre leurs fonds en commun pour acheter des licences d'exportation et de revente du café. Si, cela permet aux agriculteurs d'être moins vulnérables, la hausse des prix et la corruption qui règne parmi les forces de police restent un défi majeur pour l'industrie du café au Kenya.