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Pour certains dirigeants africains, l'élection de Trump n'est pas une mauvaise nouvelle
Le candidat républicain Donald Trump a remporté l'élection présidentielle américaine du 8 novembre à la surprise générale.
Les Etats-Unis ont ce mercredi 9 novembre un nouveau président: Donald Trump. Une victoire arrachée sur sa rivale Hillary Clinton, la candidate démocrate, à la surprise générale. De loin, l'accession de l'iconoclaste magnat de l'immobilier à la Maison-Blanche n'est pas vraiment une bonne nouvelle pour le continent africain.
Lors d'un discours donné à l'université de Wichita au Kansas, lors de la primaire républicaine en janvier 2016, Donald Trump avait notamment déclaré:
«Pour rendre sa grandeur aux Etats-Unis, nous devons expulser les musulmans, les Mexicains et les Africains, spécialement les Nigérians. Ils prennent nos emplois, les emplois des honnêtes américains qui travaillent dur».
«Trump prendra la bonne décision»
Mais ni les saillies de Donald Trump sur les immigrés d'origine africaine, ni son programme économique protectionniste, n'ont détourné de lui certains dirigeants du continent qui voit avec l'émergence de cet homme nouveau dans le champ politique américain, l'occasion de rebattre les cartes sur le plan géopolitique.
Le premier chef d'Etat africain à féliciter l'homme d'affaires américain a été ainsi Pierre Nkurunziza. Le président du Burundi, mis au ban par la communauté internationale depuis plusieurs mois à la suite de son passage en force pour obtenir un troisième mandat, puis de sa répression féroce de l'opposition, espère sans doute un changement de position de Washington à son égard.
«Monsieur Donald Trump, au nom du peuple burundais, nous vous félicitons chaleureusement. Votre victoire est la victoire de tous les Américains», a écrit Pierre Nkurunziza sur le réseau social Twitter.
Mr. @realDonaldTrump, on behalf of the people of Burundi, we warmly congratulate you. Your Victory is the Victory of all Americans.
— Pierre Nkurunziza (@pnkurunziza) 9 novembre 2016
«Cette victoire de Trump ressemble plus à ce qui s’est passé au Burundi. Contrairement à ce que les faiseurs d’opinion, médias et certains spécialistes, essayent souvent de faire croire, le peuple a toujours le dernier mot. Trump prendra la bonne décision lorsque la vérité sur la situation réelle au Burundi va éclater», a déclaré Willy Nyamitwe, conseiller principal en communication de la présidence burundaise, au média Jeune Afrique.
Des arguments qui sont repris ailleurs. Sur les bords de la Méditerranée, le président égyptien Al-Sissi se frotte également les mains. Critiqué par les Occidentaux pour ses nombreuses atteintes aux droits de l'homme, le chef d'Etat égyptien s'est dit: «Réjouit de voir que le mandat présidentiel du président Donald Trump dresse une nouvelle voie des relations égypto-américaines et davantage de coopération et de coordination en faveur des deux peuples, ainsi que de promouvoir la paix, la stabilité et le développement au Moyen-Orient, notamment à la lumière des défis majeurs auxquels la région fait face», a notamment déclaré le président égyptien.
Le président Sissi félicite Trump, espère un "nouveau souffle" entre Washington et Le Caire #Egypte #AFP
— emmanuel parisse (@em_parisse) 9 novembre 2016
Il est également à noter que le président égyptien est un proche allié de la Russie de Vladimir Poutine, qui affirme depuis plusieurs mois soutenir Donald Trump.
Des dictateurs démocrates?
De manière générale, tous les Etats africains qui avaient vu leurs relations se détériorer sous l'ère Obama, ont fait le pari Donald Trump. Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, qui a subi de nombreuses remontrances d'Obama qui dénonçait sa volonté d'aller à l'encontre de la constitution pour briguer un troisième mandat, était de ceux-là. Si Kinshasa n'a pas encore félicité de manière officielle le nouveau locataire de la Maison-Blanche, l'ambassadeur congolais à Paris l'a déjà fait.
The People has spoken. Congratulations to President elect Donald J. TRUMP. CIA
— Atoki Ileka (@AmbassadorIleka) 9 novembre 2016
«Le peuple a parlé. Félicitations au président élu Donald Trump», a tweeté Atoki Ileka.
Mais dans tout cela, les dictateurs africains ont sûrement oublié que Donald Trump a été élu de manière démocratique, sans fraude, ni manigances politiques, et que la perdante Hillary Clinton a décroché son téléphone pour le féliciter. Des bonnes pratiques que les autocrates ne suivent pas chez eux, de l'Egypte au Burundi.
Régime forcé
Et pas sûr que ceux qui se considèrent comme des «gagnants» de l'élection de Trump goûtent à ce plaisir longtemps. Pendant sa campagne, le milliardaire avait à plusieurs reprises dénoncé les aides versées par l'administration Obama à différents pays africains dans le cadre de programmes de développement, comme l'explique le site Quartz.
En 2013, Trump avait notamment avancé, sur son compte Twitter, que «chaque centime des milliards de dollars versés à l'Afrique par Obama serait volé – la corruption est omniprésente!».
Every penny of the $7 billion going to Africa as per Obama will be stolen - corruption is rampant!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 1 juillet 2013
Pierre Nkurunziza ou Joseph Kabila auront peut-être les mains plus libres pour se jouer des droits de l'homme, mais ils devront se serrer la ceinture alors qu'une large partie de leur budget est financé par les aides extérieures.