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Tunisie - L'affaire Persépolis, un procès emblématique reporté

Le Tribunal de Première Instance de Tunis a décidé jeudi 17 novembre le report du procès de l’affaire Persepolis au 23 janvier 2012, indique le site tunisien Kapitalis.

Nabil Karaoui, le directeur de la chaîne de télévision privée tunisienne Nessma, fait partie des personnes poursuivies pour «atteinte aux valeurs du sacré, atteinte aux bonnes mœurs et trouble à l'ordre public». Le 10 octobre dernier, au lendemain de la projection qui avait soulevé l’ire de groupes d’extrémistes, Nabil Karaoui s’était vu acculé d’une plainte lancée par plus de 140 avocats. Le directeur de la chaîne Nessma encourt aujourd’hui une peine de trois ans de prison, rapporte le site tunisien Business News.

«Je ressens une immense tristesse parce que les gens qui ont voulu détruire la chaîne sont libres et que moi je suis ici parce que j'ai diffusé un film», a déclaré à son arrivée au tribunal de Tunis le directeur de Nessma Nabil Karaoui.

«Cette affaire est politique et je vois en ce jour la mort réelle de la liberté d'expression en Tunisie», a-t-il ajouté.

Un journaliste venu encourager Nabil Karaoui évoque un procès d’opinion qui rappelle la période de l’Inquisition, au début du XIIIe siècle en Europe où des tribunaux étaient créés pour juger les hérétiques et les catholiques non sincères.

Le 9 octobre dernier, le jour de la diffusion du film, Nabil Karaoui, expliquait que près de trois cent islamistes avaient tenté d’investir les locaux.

«Ces extrémistes veulent imposer une nouvelle dictature, mais nous continuerons notre tâche conformément à notre ligne éditoriale indépendante», commentait alors le directeur de Nessma sur la radio tunisienne Mosaïque FM.

Les extrémistes manifestaient contre la diffusion du film d’animation franco-iranien basé sur les bandes dessinées autobiographiques de Marjane Satrapi, et contre le débat sur l’intégrisme religieux qui a suivi la projection. Mais c’est avant tout la scène où l’héroïne parle avec Dieu, personnifié par un vieil homme à la barbe blanche, qui a particulièrement déclenché la colère de ces islamistes. La personnification de Dieu étant proscrite par la religion musulmane.

Lu sur Kapitalis, Business News

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