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Jean Ping prononce un discours à Libreville, le 9 septembre 2016. STEVE JORDAN / AFP
Jean Ping prononce un discours à Libreville, le 9 septembre 2016. STEVE JORDAN / AFP

Au Gabon, Jean Ping n'a pas abandonné son combat contre le régime

Sur les réseaux sociaux, le leader de l'opposition se débat pour tenter d'exister face au régime d'Ali Bongo, accusé de fraude lors de l'élection présidentielle.

En sortant les biceps, Ali Bongo a remporté le bras de fer qui l'opposait à l'opposant Jean Ping dans l'élection présidentielle gabonaise aux résultats très contestés. Pour mater l'ancien ministre de son père, Ali Bongo a tout simplement triché dans les grandes largeurs dans son fief du Haut-Ogooué, avant de mettre l'armée dans les rues de Libreville et de Port-Gentil pour décourager toute manifestation populaire contre son coup de force. Pour enfoncer le clou, il a enfin lancé les forces de l'ordre contre le QG de l'opposition pour faire peur à ses rivaux et les obliger au silence. 

Depuis, en dépit des condamnations de la communauté internationale, Ali Bongo s'est réinstallé au pouvoir pour un nouveau septennat, obligeant l'opposition au silence. Mais Jean Ping n'a pas baissé la garde et poursuit à dénoncer la fraude qui a offert la victoire à son rival. 

À lire aussi: L'élection contestée au Gabon se joue aussi sur Wikipédia

L’ancien président de la commission de l’Union africaine a invité, «l’ensemble des partis, personnalités politiques et amis du Gabon à poursuivre les efforts engagés en vue du respect de la souveraineté du peuple gabonais et partant, le rétablissement de la légalité républicaine», dans un discours prononcé devant ses fidèles le 7 octobre. «Tout en envisageant les mesures d’isolement de ce régime dictatorial, illégitime et totalement discrédité au sein de la communauté internationale, j’estime urgent et prioritaire de promouvoir toute action visant à faire prendre des sanctions ciblées à l’encontre des auteurs et complices de ce coup d’État militaro-électoral», a t-il ajouté. 

«Votre choix s'est porté sur moi»

Mais la vraie caisse de résonnance de Jean Ping, ce sont les réseaux sociaux. C'est là qu'il dénonce les pratiques du clan Bongo à travers des punchlines assassines distillées chaque jour. Il y répète notamment que l'élection présidentielle du 27 août a été truquée par le régime, et que la fonction présidentielle lui reviendra forcément tôt ou tard. 

 

Le 24 septembre il a également pointé du doigt la décision de la Cour constitutionnelle du Gabon de valider le résultat de l'élection. Lors de l'audience à Libreville, dans une salle quasiment déserte, la Cour avait même indiqué que l'écart était en réalité plus important que ce qui avait été d'abord indiqué entre les deux candidats

 

Avant de répéter, quatre jours plus tard, son refus d'accepter les résultats de l'élection. 

 

Le 29 septembre, Jean Ping a invité les Gabonais dans sa résidence pour un discours politique.

 

Lors de cette prise de parole, il a notamment déclaré: «J'affirme ici ma détermination à assumer mes responsabilités  de président élu par le peuple souverain (...) Je ne reconnaîtrai pas ce pouvoir qui a fait massacrer froidement de nombreux Gabonais, tout simplement parce qu'ils réclamaient le respect de leurs suffrages exprimés le 27 août 2017.»

Une journée de recueillement

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a annoncé, jeudi 29 septembre, l’ouverture d’un examen préliminaire sur la situation au Gabon... à la demande du gouvernement gabonais. Ce dernier a évoqué un meeting de Jean Ping au cours duquel il aurait invité la foule à se «débarrasser des cafards», dans le but «d’éliminer une partie de la population gabonaise». Mais cet examen préliminaire ne signifie pas que la CPI ouvrira une enquête judiciaire et surtout, cette plainte peut également se retourner contre le régime gabonais si ce dernier est reconnu coupable de la mort de manifestants

Le 6 septembre, Jean Ping a appelé à une journée de recueillement pour les victimes des affrontements entre partisans de l'opposition et forces de l'ordre. 

 

Le leader de l'opposition a également appelé à la création d'un Conseil gabonais de la résistance (CGR). Un mouvement qui serait installé en exil, aux Etats-Unis et en Union européenne, selon lui. 

 

Les messages postés sur les réseaux sociaux par Jean Ping et son équipe sont à chaque fois commentés ou retweetés des centaines de fois par les internautes. Mais si le discours de l'opposant vaincu trouve un large écho sur le web, cela ne suffira pas à renverser un président désormais solidement accroché à son siège. 

Camille Belsoeur

Journaliste à Slate Afrique. 

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