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Au Gabon, Jean Ping n'a pas abandonné son combat contre le régime
Sur les réseaux sociaux, le leader de l'opposition se débat pour tenter d'exister face au régime d'Ali Bongo, accusé de fraude lors de l'élection présidentielle.
En sortant les biceps, Ali Bongo a remporté le bras de fer qui l'opposait à l'opposant Jean Ping dans l'élection présidentielle gabonaise aux résultats très contestés. Pour mater l'ancien ministre de son père, Ali Bongo a tout simplement triché dans les grandes largeurs dans son fief du Haut-Ogooué, avant de mettre l'armée dans les rues de Libreville et de Port-Gentil pour décourager toute manifestation populaire contre son coup de force. Pour enfoncer le clou, il a enfin lancé les forces de l'ordre contre le QG de l'opposition pour faire peur à ses rivaux et les obliger au silence.
Depuis, en dépit des condamnations de la communauté internationale, Ali Bongo s'est réinstallé au pouvoir pour un nouveau septennat, obligeant l'opposition au silence. Mais Jean Ping n'a pas baissé la garde et poursuit à dénoncer la fraude qui a offert la victoire à son rival.
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L’ancien président de la commission de l’Union africaine a invité, «l’ensemble des partis, personnalités politiques et amis du Gabon à poursuivre les efforts engagés en vue du respect de la souveraineté du peuple gabonais et partant, le rétablissement de la légalité républicaine», dans un discours prononcé devant ses fidèles le 7 octobre. «Tout en envisageant les mesures d’isolement de ce régime dictatorial, illégitime et totalement discrédité au sein de la communauté internationale, j’estime urgent et prioritaire de promouvoir toute action visant à faire prendre des sanctions ciblées à l’encontre des auteurs et complices de ce coup d’État militaro-électoral», a t-il ajouté.
«Votre choix s'est porté sur moi»
Mais la vraie caisse de résonnance de Jean Ping, ce sont les réseaux sociaux. C'est là qu'il dénonce les pratiques du clan Bongo à travers des punchlines assassines distillées chaque jour. Il y répète notamment que l'élection présidentielle du 27 août a été truquée par le régime, et que la fonction présidentielle lui reviendra forcément tôt ou tard.
Le 27/8 votre choix s’est porté sur moi. La falsification des résultats étant tellement grossière qu’elle ne peut tromper personne #2
— Jean Ping (@pingjean) 15 septembre 2016
Dans le contexte de répression que nous subissons je vous promets d’assurer la transition démocratique à laquelle nous aspirons tous #3
— Jean Ping (@pingjean) 15 septembre 2016
Le 24 septembre il a également pointé du doigt la décision de la Cour constitutionnelle du Gabon de valider le résultat de l'élection. Lors de l'audience à Libreville, dans une salle quasiment déserte, la Cour avait même indiqué que l'écart était en réalité plus important que ce qui avait été d'abord indiqué entre les deux candidats.
Une fois encore, une fois de trop la Cour a pris sa décision envers et contre tous, foulant au pied la souveraineté du peuple. #Gabon pic.twitter.com/nBqSWF4tBX
— Jean Ping (@pingjean) 24 septembre 2016
Avant de répéter, quatre jours plus tard, son refus d'accepter les résultats de l'élection.
Il est hors de question de reconnaître Ali Bongo comme futur Président du #Gabon. Son mandat arrive à son terme le 15/10/16 ! #7
— Jean Ping (@pingjean) 28 septembre 2016
Le 29 septembre, Jean Ping a invité les Gabonais dans sa résidence pour un discours politique.
Lors de cette prise de parole, il a notamment déclaré: «J'affirme ici ma détermination à assumer mes responsabilités de président élu par le peuple souverain (...) Je ne reconnaîtrai pas ce pouvoir qui a fait massacrer froidement de nombreux Gabonais, tout simplement parce qu'ils réclamaient le respect de leurs suffrages exprimés le 27 août 2017.»
J’appelle chaque Gabonaise et chaque Gabonais à une résistance active jusqu’à la fin de la forfaiture. #ResistanceGabon #Gabon pic.twitter.com/Vbpg7HDYSI
— Jean Ping (@pingjean) 29 septembre 2016
Une journée de recueillement
La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a annoncé, jeudi 29 septembre, l’ouverture d’un examen préliminaire sur la situation au Gabon... à la demande du gouvernement gabonais. Ce dernier a évoqué un meeting de Jean Ping au cours duquel il aurait invité la foule à se «débarrasser des cafards», dans le but «d’éliminer une partie de la population gabonaise». Mais cet examen préliminaire ne signifie pas que la CPI ouvrira une enquête judiciaire et surtout, cette plainte peut également se retourner contre le régime gabonais si ce dernier est reconnu coupable de la mort de manifestants.
Le 6 septembre, Jean Ping a appelé à une journée de recueillement pour les victimes des affrontements entre partisans de l'opposition et forces de l'ordre.
Ce jeudi 6 octobre les Gabonais des 9 provinces et de la diaspora sont invités à rester chez eux pour observer une journée de recueillement. pic.twitter.com/fLKRwYQlH4
— Jean Ping (@pingjean) 5 octobre 2016
Le leader de l'opposition a également appelé à la création d'un Conseil gabonais de la résistance (CGR). Un mouvement qui serait installé en exil, aux Etats-Unis et en Union européenne, selon lui.
J'appelle à la création d'un Conseil Gabonais de la Résistance (CGR) aux USA et en UE opposé au régime illégitime d'Ali Bongo #5
— Jean Ping (@pingjean) 8 octobre 2016
Les messages postés sur les réseaux sociaux par Jean Ping et son équipe sont à chaque fois commentés ou retweetés des centaines de fois par les internautes. Mais si le discours de l'opposant vaincu trouve un large écho sur le web, cela ne suffira pas à renverser un président désormais solidement accroché à son siège.